Couvertures_Apropos-Amour_Post-Romantique
Culture,  Lecture

Et si on révolutionnait l’amour ?!

En ce jour de Saint-Valentin, j’ai envie de vous partager deux essais qui nous proposent de révolutionner l’amour : A propos d’amour de bell hooks et Post-romantique d’Aline Laurent-Mayard.

A propos d’amour de bell hooks

Dans cet essai publié au début des années 2000, l’autrice décide de réfléchir au concept d’amour et au fait qu’il est nécessaire de repenser l’ensemble de nos relations, sous ce prisme. Pour ce faire, elle part d’une citation du psychiatre M. Scott Peck :

… la volonté de s’étendre soi-même dans le but de nourrire sa propre croissance spirituelle ou celle d’autrui. […] L’amour, c’est ce qu’on fait. C’est un acte de volonté, c’est-à-dire désir et action, conjointement. Et la volonté implique aussi un choix. On est pas obligé d’aimer, on le décide.

Partant de là, elle estime que plus aucune relation amoureuse dans laquelle des jeux de pouvoir ou d’emprise ont lieu ne peut être considérée comme de l’amour, de même que la jalousie n’en est pas une preuve. Cette définition lui permet aussi d’élargir l’amour, non plus au seul couple romantique mais à d’autres relations : on peut aussi éprouver de l’amour pour ses amies, sa famille élargie voire des membres des différentes communautés que l’on fréquente (collègues, voisins, membres d’une église ou d’une association, etc.).

Citation issue du compte Instagram des Éditions Divergences

Globalement, j’ai trouvé que cet essai nous proposait de nombreuses réflexions qui tombaient un peu sous le sens et ne semblaient pas particulièrement révolutionnaires [mais je le découvre avec 20 ans de retard]. L’autrice s’appuie sur de nombreux livres de développement personnel dont elle critique et étaie les théories.

La fin de l’essai m’a laissée plus dubitative. Les redondances sont nombreuses et, surtout, elle se lance dans des réflexions sur la spiritualité et la religion à côté desquelles je suis complètement passée [le chapitre sur les anges, là, d’où ça sort ?!].

A propos d’amour est donc un essai intéressant à lire si vous souhaitez avoir une vision des théories sur lesquelles s’appuient pas mal de penseuses féministes actuelles qui proposent de révolutionner nos relations amoureuses mais sa lecture n’est clairement pas indispensable si vous avez déjà lu d’autres ouvrages sur le sujet.

Infos pratiques : A propos d’amour, bell hooks, Éditions Divergentes, 2022, 241 pages

Post-romantique d’Aline Laurent-Mayard

Ce livre, je l’attendais avec une certaine impatience et je me suis ruée dessus dès que je l’ai croisé en librairie [enfin, j’ai d’abord attendu d’être sûre que personne n’avait eu la bonne idée de me l’offrir pour mon anniversaire]. Il faut dire que je suis un peu une inconditionnelle du travail d’Aline Laurent-Mayard. D’ailleurs, il y a peu, je vous présentais son dernier essai sur les masculinités. Avec Post-romantique, l’autrice s’attaque aux mythes véhiculés autour de l’amour romantique et nous propose d’autres façons d’aimer.

L’essai s’ouvre sur une longue partie qui nous rappelle l’origine de l’amour romantique tel que nous le connaissons aujourd’hui et la longue histoire qui l’a construit. Spoiler : il a été inventé de toutes pièces. Bon, ça, je vous l’avoue, je l’avais déjà lu/entendu ailleurs [mais non, je ne suis pas obsédée par ce sujet].

Là où cet essai a vraiment commencé à m’intéresser, c’est à partir du moment où l’autrice nous propose d’autres manières de concevoir nos relations et de sortir du couple romantique enfermé sur lui-même.

J’ai évidemment beaucoup aimé le chapitre sur le célibat [sauf le divulgâchage de Barbie 😠] puisque c’est une situation que je commence à bien connaître… 😅 Comme à son habitude, l’autrice utilise de nombreuses références à la pop-culture pour illustrer ses propos et s’est largement appuyée sur le très bon Vieille fille de Marie Kock.

L’autrice cite aussi souvent A propos d’amour de bell hooks dont elle s’inspire pour proposer d’autres formes de mises en relation [donc ça vous en fait un résumé des parties les plus intéressantes].

Elle s’inspire aussi beaucoup de sa vie personnelle et sur des témoignages de personnes concernées pour illustrer, par des exemples concrets, les modes de vie qu’elle propose. D’ailleurs, j’ai pu remarquer que de nombreuses témoins vivaient à Bruxelles : on attend quoi pour lancer des groupes de paroles sur ces sujets ?!

Ayant elle-même décidé de “faire un enfant toute seule”, l’autrice analyse aussi les nouvelles configurations existantes pour faire famille autrement : la PMA, la GPA, la co-parentalité, l’alloparentalité, etc. Ce dernier concept m’a évidemment interpelée, moi qui ne souhaite pas avoir d’enfant, car il propose un cadre / un mot pour le rôle de “tata féministe cool et pro-bouquins” que j’espère devenir un jour pour les enfants de certain·es de mes ami·es. Car oui, il n’est pas nécessaire d’avoir un lien génétique avec elleux pour jouer un rôle dans la vie des enfants.

Dans ce livre, l’autrice réhabilite aussi largement l’amitié et souhaite lui redonner un rôle plus important dans nos vies [car figurez-vous qu’avant qu’on invente l’amour romantique, on voyait davantage ses ami·es]. Comment faire pour nouer des amitiés dans lesquelles l’amour non romantique est présent ? Comment faire changer les lois pour donner davantage de droits et de responsabilités à nos ami·es dans l’organisation de notre vie quotidienne ? [D’ailleurs, l’Allemagne a donné une piste cette semaine.] C’est très inspirant.

Aline Laurent-Mayard conclut son essai avec une série de pistes d’actions ou de réflexions à mener pour mettre en œuvre les idées qu’elle aborde tout au long de son livre. Et puis, surtout, elle donne quelques trucs et astuces pour se faire de nouveaux ou nouvelles amies dans nos vies d’adultes souvent bien solitaires.

Bref, même si j’avais déjà eu vent de la plupart des idées/concepts développés ici, j’ai beaucoup apprécié ma lecture ! Et je vous recommande de lire Post-romantique si vous aussi, vous vous sentez un peu à l’étroit dans la norme du couple romantique enfermé sur lui-même.

Par contre, gros bémol encore une fois sur le travail d’édition : il reste quelques coquilles assez flagrantes et au moins une note de bas de page qui n’était pas correcte. J’avoue, ça m’a quelque peu saoulée.

Infos pratiques : Post-romantique : comment moins de romance pourrait sauver l’amour (et la société), Aline Laurent-Mayard, Éditions JC Lattès, Collection Nouveaux Jours, 2024, 260 pages

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