La femme de Gilles - Couverture
Culture,  Lecture

La femme de Gilles de Madeleine Bourdouxhe

Un peu de chauvinisme en ce mois de février puisque j’ai choisi un fantastique classique belge : La Femme de Gilles, de Madeleine Bourdouxhe [et évidemment, une certaine Fanny n’est pas étrangère à ce choix]. Encore une histoire d’amour qui finit mal : c’était définitivement le thème de ce mois de février !

Résumé

Elisa est mariée à Gilles, un bel ouvrir dont elle est éperdument éprise. Ils sont parents de jumelles et un petit troisième est en route. Le couple coule des jours paisibles jusqu’au jour où Gilles commence à aimer une autre femme. Le monde d’Elisa bascule mais elle veut croire à la force de leur amour. Que pourrait-elle être d’autre, de toutes façons, que la femme de Gilles ?!

Ce que j’en ai pensé ?!

Le désir, ça nait comme ça, d’un rien.

Ce roman, publié en 1936, est d’une étonnante modernité : que ce soit par son sujet ou par la plume de son autrice. Le style oscille entre des phrases très épurées, sans fioritures, quand il s’agit de décrire les sentiments ou réactions des personnages mais peut aussi verser dans des descriptions plus lyriques, de la nature environnante. Il y a beaucoup de sensualité qui se dégage du personnage d’Elisa, quand elle s’attelle aux tâches du quotidien, notamment, par le biais de références aux odeurs, aux sons ou encore à la sensation qu’elle éprouve au contact de l’air ou de l’eau.

Dans ce roman, l’autrice dénonce l’enfermement dans lequel la jeune femme évolue : attachée à sa maison et aux gestes du quotidien, seul compte pour elle le bien-être de Gilles. Elle n’envisage à aucun moment une autre vie que celle de “femme de Gilles”, mère de ses enfants et gestionnaire de son quotidien. Lorsqu’elle découvre la relation adultère de son mari, elle se persuade que son amour pour lui lui permettra de lui faire reprendre le droit chemin. Elle n’est plus qu’abnégation pour faire survivre son couple. Elle cherche vaguement l’aide de Dieu mais on comprend vite que cela ne lui sera d’aucune utilité. Elle est seule, sans personne à qui se confier sur ce qu’elle vit.

Gilles, quant à lui, est d’un égoïsme sans nom. Aveuglé par son désir, il ne conscientise à aucun moment le mal qu’il fait à son épouse [un bon exemple pour raviver votre misandrie qui se ramollirait]. Pour lui, les femmes qu’il aime sont sa possession et n’ont pas le droit de lui échapper.

Je suis plus dubitative sur le personnage de la maitresse, décrite sous le point de vue d’Elisa. D’un côté, sa liberté est un exemple enviable pour les jeunes femmes de cette génération ; de l’autre, j’ai du mal à croire qu’on puisse être aussi égocentrique et cruelle. Et le discours indirect qu’on peut lire sur elle dans le roman est pour le moins violent. Durant tout le roman, une tension latente nous tient en haleine pour savoir comment les choses vont se dénouer pour Gilles et Elisa. Cela nous pousse à dévorer le livre d’autant plus vite !

J’ai beaucoup aimé cette lecture, l’écriture de Madeleine Bourdouxhe et le ton ironique qu’elle peut parfois utiliser envers ses personnages. Par contre, … cette fin ?!

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