Couverture Voile de Téhéran
Culture,  Lecture

Le voile de Téhéran de Parinoush Saniée

En 2017, j’avais lu Lire Lolita à Téhéran d’Azar Nafisi qui m’avait donné envie d’en savoir davantage sur l’Iran et, plus précisément, sur la vie des femmes dans ce pays. C’est ce qui m’a poussée à choisir Le Voile de Téhéran, lorsque je l’ai croisé en librairie.

Couverture Voile de Téhéran

Résumé

Massoumeh a seize et rêve de poursuivre ses études maintenant que cette possibilité est offerte aux Iraniennes. Son père, qui l’aime profondément, est prêt à lui accorder cette chance mais ses frères et sa mère, très religieux, ne sont pas du même avis. Pour eux, l’instruction des femmes ne sert à rien sinon à leur mettre de mauvaises idées en tête. Ils souhaitent absolument la marier afin d’éviter le déshonneur de leur famille qui ne saurait tarder si elle continue d’être si mal influencée. Malgré sa ténacité, Massoumeh pourra-t-elle lutter contre les traditions ?

Ce que j’en ai pensé ?!

Ce roman m’a véritablement passionnée ! A tel point que je l’ai dévoré en trois jours, pouvant difficilement le reposer.

Parinoush Saniée aborde de nombreux thèmes dans ce roman, tous plus cruciaux les uns que les autres. A travers l’histoire politique de son pays, elle nous pousse à nous interroger sur la place de la religion dans la société et son influence sur la vie des hommes et des femmes. Elle remet également en question l’engagement politique, du moins, les raisons pour lesquels certains sont prêts à s’engager et ce sur quoi ils sont prêts à s’asseoir, une fois au pouvoir. Elle témoigne également de la place des femmes dans une société iranienne qui ne cesse de muter.

Le personnage principal de ce roman est Massoumeh [ou Massoum], jeune fille éduquée dans une famille très conservatrice qui considère toujours les femmes comme des êtres inférieurs qui doivent avant tout veiller à sauvegarder l’honneur de leur père, de leur(s) frère(s) et de leur mari. Elle souhaite se battre contre cette injustice et faire valoir son droit à l’éducation. Elle accorde une importance particulière à l’esprit critique et n’aura de cesse d’inculquer cette notion à ses enfants. Toute sa vie, elle sera tiraillée entre ses devoirs, imposés par son éducation, et son envie d’évoluer.

Je voudrais tellement que tu ne te fondes que sur tes réflexions personnelles, tes propres convictions, que tu pèses le pour et le contre de chaque option par des lectures et des enseignements, et qu’ensuite tu en tires toi-même tes conclusions et prennes ta décision en toute indépendance ! L’idéologie pure est un piège, elle engendre des préjugés et des a-priori, elle fait obstacle à la réflexion et aux opinions personnelles. Et, surtout, elle transforme les gens en fanatiques, incapables de faire la part des choses.

Massoum est entourée de personnages aux caractères et aux idées très différents. D’une part, sa famille (parents, frères) est très conservatrice et religieuse : elle lui impose des règles strictes et la musèle, tout au long de sa vie. D’autre part, son mari et son entourage amical ont des idées beaucoup plus libertaires et l’encouragent à choisir la voie qui lui convient le mieux.

On pourrait croire qu’il lui suffirait de couper les ponts avec ses frères pour que tout aille mieux. C’est sans compter les grands bouleversements politiques qui vont mettre le pays sens dessus-dessous à plusieurs reprises : la répression du Shah qui sent son pouvoir fléchir, la victoire violente de la Révolution suivie de l’instauration d’une République islamique et de la guerre contre l’Irak. Ces événements vont apporter leur lot de joies, mais surtout de peines, et influenceront les choix de Massoum dont la priorité restera toujours d’offrir la meilleure vie possible à ses enfants. Même si c’est quelque chose que je peux comprendre tant que les enfants sont mineurs, j’ai plus de mal à l’accepter une fois qu’ils sont devenus adultes. Certains de ses choix peuvent sembler contradictoires et témoignent, encore une fois, du poids des traditions et de l’éducation, même chez une personne qui a cherché à s’en émanciper.

J’ai été révoltée tout au long de ma lecture face aux épreuves que Massoum doit affronter. C’est bien souvent le comportement des hommes [même si sa mère peut aussi avoir des réflexions qui donnent envie de la frapper… Oui, ce roman aurait pu me rendre violente] qui m’a le plus souvent fait grincer des dents. Celui de ses frères évidemment, qui sous couvert d’une fausse image de l’Islam, font preuve d’une misogynie incroyable et souhaitent surtout abuser de leur pouvoir. Mais aussi celui de son mari qui prêche de beaux discours de liberté mais témoigne essentiellement d’un égoïsme profond et d’un certain manque d’esprit critique. Ce livre m’a montré, à nouveau, à quel point nos sociétés sont différentes et qu’il faudra encore du temps avant que je ne puisse comprendre ces mœurs qui me paraissent être d’un autre âge. Il n’empêche que je vous le recommande chaudement !

Infos pratiques

  • Autrice : Parinoush Saniée
  • Titre : Le Voile de Téhéran
  • Édition : Points, 2016
  • Nombre de pages : 624 pages
  • Genre : contemporain
  • Challenges : ce premier roman de l’année me permet de compléter les trois challenges que je suis pour 2019
    • Un pavé par mois, chez Bianca
    • Challenge de lecture de Mille vies en une, dans la catégorie “Un livre avec une ville dans son titre”
    • Challenge Féminibooks, catégorie de janvier “Découvrir une nouvelle autrice”.

9 commentaires

Si vous souhaitez me laisser un petit mot...