L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie
Salut !
On se retrouve aujourd’hui pour parler de la dernière pépite que j’ai eu l’occasion de lire : L’autre moitié du soleil de Chimamanda Ngozi Adichie. De cette autrice, j’ai lu l’an dernier, Americanah, que j’avais beaucoup aimé. Je m’étais alors promis de découvrir le reste de sa bibliographie.
Résumé
1960, à Nsukka, petite ville universitaire du Nigéria, le jeune Ugwu, 13 ans, vient de rentrer au service d’Odenigbo, un intellectuel aux idées révolutionnaires. Ce dernier partage la vie de la belle Olanna qui travaille, elle aussi, à l’université. Régulièrement, ils organisent des soirées avec leurs amis pendant lesquelles ils refont le monde et critiquent la vie politique du pays. Ugwu suit de loin toutes ces discussions qui lui paraissent parfois bien opaques. Parmi les habitués de la maison, il y a Richard, un journaliste anglais et petit ami de Kainene, la sœur jumelle d’Olanna.
Tout ce petit monde vit une vie bien rodée jusqu’au jour où la guerre éclate et fait voler en éclats certaines de leurs illusions…
Ce que j’en ai pensé ?!
Ce roman est certainement l’un des plus terribles et des plus bouleversants que j’ai pu lire au cours de ces dernières années. Il nous plonge au cœur d’une guerre qui a fait des centaines de milliers de victimes et qui avait été précédée d’une vague de massacres tout aussi sanglants.
Par le biais de ce livre, l’autrice témoigne des ravages provoqués par le colonialisme dans cette région. En effet, le Nigéria est un pays “artificiel” sous le drapeau duquel les colonisateurs ont voulu rassembler plusieurs communautés aux cultures, aux langues et aux religions complètement différentes, ne cessant de les monter les unes contre les autres selon l’adage du “diviser pour mieux régner” [je simplifie énormément là]. Cela a mené à plusieurs coup d’états et à un nettoyage ethnique sans précédent dans la région alors que ces communautés avaient su vivre en paix pendant des dizaines d’années avant l’arrivée des Blancs. C’est absolument révoltant.
On suit également le quotidien des familles de réfugiés qui ont dû quitter leurs villes assiégées pour éviter de nouveaux massacres : l’autrice parvient à décrire le sentiment d’impuissance de ces personnes qui ont tout perdu et qui apprennent à se contenter de toujours moins, qui doivent affronter l’hostilité des villageois, contraints de les accueillir alors qu’eux-mêmes meurent de faim. Ce que dénonce ce roman, c’est la responsabilité des autorités qui, pour des raisons de propagande refusait de prévenir les habitants de l’avancée des troupes ennemies, les forçant à tout quitter quand il était déjà trop tard.
La grande force de ce roman tient encore une fois dans la qualité de ses personnages. L’autrice nous présentent des femmes qui portent leur famille à bout de bras, malgré les traumatismes qu’elles subissent, des hommes qui font preuve d’une certaine sensibilité, assez différente de ce qu’on peut lire habituellement. On y vit deux histoires d’amour foncièrement différentes mais toutes deux atypiques car les protagonistes ne respectent pas les règles édictées par la société. Ce sont des histoires passionnées mais parfois dramatiques, souvent vécues sur le fil.
Le personnage d’Ugwu est la figure centrale du roman, qu’on pourrait qualifier d’initiatique, en ce qui le concerne. Nous le rencontrons, tout juste sorti de sa brousse, qui découvre un monde nouveau, empli de richesse et de savoirs. Il a la chance d’avoir des maîtres qui croient au pouvoir de l’éducation et lui permettent de poursuivre ses études parallèlement à son travail. Il est extrêmement touchant par sa naïveté devant certaines situations : il doit jongler entre sa culture traditionnelle, empreinte de superstitions et les règles que lui inculquent Olanna et Odenigbo. Il va être touché de plein fouet par ce conflit qui va le marquer à jamais.
Les autres personnages sont également intéressants car tous sont emplis de contradictions et évoluent, de manière différente mais constante, tout au long du récit. La relation entre Olanna et Kainene est assez particulière : on sent une tension constante entre les deux sœurs, comme une chape de non-dits qui les empêche d’être aussi proches qu’elles avaient pu l’être dans leur jeunesse, sans trop savoir d’où elle provient. Là encore, c’est l’évolution du conflit qui va offrir un tournant à leur relation.
J’ai vraiment beaucoup aimé cette lecture même si, parfois, certains passages étaient vraiment difficiles à endurer, même si je lui ai trouvé quelques longueurs, car il m’a ouvert les yeux sur tout un pan de l’Histoire qui m’était totalement inconnu. A plusieurs reprises, il m’a fait m’interroger sur ce que je lisais et c’est, pour moi, un gage de qualité. Je vous le conseille vivement !
Infos pratiques
- Titre : L’autre moitié du soleil
- Autrice : Chimamanda Ngozi Adichie
- Edition : Folio, 2010
- Nombre de pages : 658 pages
- Genre : contemporain
- Challenge : Ce roman me permet de valider ma participation mensuelle au challenge Un pavé par mois de Bianca
8 commentaires
Chibi
C’est une auteure dont les livres me tentent toujours énormément mais j’en ai un peu peur car je vois surtout des pavés ^^’ mais bon, après tout, il faudra bien se lancer! Tu me conseilles celui-ci ou Americanah dans cette lignée pour débuter ses romans? =)
Bises!
Maghily
Oui, c’est vrai que ce sont des petits pavés. L’hibiscus pourpre est plus court mais je ne l’ai pas encore lu.
C’est difficile à dire, ça dépend un peu de ce que tu as envie de lire.
Americanah se passe dans le début des années 2000, c’est l’histoire d’une jeune femme indépendante qui suit des études à l’université puis qui y travaille. Elle développe pas mal de réflexions sur la condition des noirs américains vs les noirs africains, etc. C’est un roman plus contemplatif (il n’y a pas de grands retournements de situation).
L’Autre moitié du soleil se passe dans les années 60, en partie durant la guerre, il est plus sombre. Il y a pas mal de scènes où l’on décrit des actions assez violentes (sans que ça ne soit gore) que ce soit physiquement ou psychologiquement.
Donc, je dirais peut-être plutôt Americanah.
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