Couverture de la vie mensongère des adultes
Lecture

La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante

Alors que la chaleur frappe Bruxelles depuis plusieurs jours, je me suis dit que c’étaient les conditions idéales pour me replonger dans la chaleur suffocante des rues napolitaines avec La vie mensongère des adultes d’Elena Ferrante.

Résumé

Giovanna a douze ans lorsqu’elle entend son père la comparer à sa sœur, la zia Vittoria, qu’il déteste profondément. Cette remarque va plonger la jeune fille dans un immense tourment : cela signifie donc que son père la trouve laide, tant physiquement que psychologiquement ? Elle devient alors obsédée par cette tante et cherche à la rencontrer.

Quelques mois plus tard, sa vie bascule : ses parents se séparent et son petit monde s’écroule. Giovanna se rebelle alors contre l’autorité parentale et se cherche d’autres modèles, notamment dans l’entourage de Vittoria.

Ce que j’en ai pensé ?!

Décidément, Elena Ferrante excelle dans la représentation d’adolescentes absolument détestables !

La vie mensongère des adultes est un pur roman d’apprentissage, dans la même veine que L’Amie prodigieuse. On suit Giovanna de ses douze à seize ans, environ. Au début du roman, elle est présentée comme une petite fille modèle, qui fait la fierté de ses parents, tous les deux enseignant·es. Giovanna vit une amitié quasi fusionnelle avec Angela et Ida, les filles du couple de meilleur·es ami·es de ses parents. Elle lit énormément, n’est pas très à l’aise avec son corps mais prend sa mère pour modèle. Lors de la séparation, tout cela vole en éclats. L’évolution de Giovanna suit alors une ligne descendante avant de remonter grâce aux différentes personnes qu’elle fréquente.

Comme dans ses autres romans, l’autrice dépeint des personnages brillants, issus de quartiers très populaires et qui sont parvenus à s’en sortir grâce à leur travail académique acharné. Ici, on fréquente essentiellement des personnages qui travaillent dans l’enseignement, que ce soit au lycée ou à l’université. Néanmoins, on sent les tensions qui existent entre ces personnes, qui ont pu changer de classe sociale et déménager vers les beaux quartiers de Naples, et leur famille d’origine, qui continue à vivre dans les quartiers plus mal famés.

L’autrice critique aussi l’influence que peut avoir la religion sur la vie des habitant·es de ces quartiers populaires. Ici, elle démontre comment une poignée de « gens au pouvoir » décident des sujets qui peuvent ou non être abordés à l’intérieur de la paroisse : et gare à ceux qui voudraient faire preuve de trop de modernité !

L’autrice distille également quelques jugements à propos de la pègre napolitaine, mais cette fois, sans les nommer frontalement.

Mais le cœur de ce roman, c’est la compréhension des nombreuses compromissions que les adultes sont prêts à faire pour atteindre leur idéal social. Que ce soit à travers la figure du père adultère qui cherche absolument à briller dans le milieu universitaire et a renié toutes les personnes qui pourraient empêcher son ascension ou celle de la mère trompée qui cherche à garder la face malgré son désespoir mais aussi à travers bien d’autres personnages. Et c’est cette découverte qui fait exploser le monde de Giovanna : pas nécessairement la séparation de ses parents, mais tous les mensonges qui en découlent.

Il est aussi question des premiers émois amoureux, des limites floues entre amour et amitié et des petites ou grandes trahisons qu’on peut se faire tout au long d’une vie.

Ma lecture m’a semblé longue mais dans le même temps, je ne pouvais m’empêcher d’y revenir. La plupart des personnages m’ont paru détestables et j’ai trouvé l’intrigue en elle-même assez peu originale. Mais force est de constater que l’autrice maitrise l’art de nous cueillir et de nous tenir en haleine jusqu’à la fin du roman !

Infos pratiques

  • Titre : La vie mensongère des adultes
  • Autrice : Elena Ferrante
  • Traductrice : Elsa Damien
  • Édition : Folio, 2022
  • Nombre de pages : 433 pages
  • Challenge : En sortir 25 en 2025

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