Les vagues de Virginia Woolf

Pour ma première participation de ce mois consacré à Virginia Woolf, je me suis lancée dans son livre qui m’impressionnait le plus : Les Vagues. L’un de ses romans les plus célèbres, qui est souvent considéré comme son chef d’œuvre.

Résumé

6 personnages [Bernard, Neville, Louis, Susan, Jinny et Rhoda] partagent leurs réflexions tout au long de leur vie ; de leur enfance à l’orée de la vieillesse. Tous sont liés à un dernier personnage, Percival, qui fut le centre de leur amitié mais dont la mort précoce a bouleversé leur vie.

Ce que j’en ai pensé ?!

Je pense que Les Vagues doit être absolument passionnant à étudier !

Ils chantaient comme si leur chant leur état arraché sous la pression du matin. Ils chantaient comme si la lame de la vie avait été aiguisée et qu’il fallait qu’elle coupât, qu’il fallait qu’elle fendit la douceur de la lumière bleu-vert, l’humidité de la terre mouillée ; …

Sa construction est assez particulière. Il s’agit d’une alternance entre des chapitres très courts, écrits sous la forme d’un poème en prose et qui décrivent au fur et à mesure de l’avancée dans le livre, l’évolution de la nature en bord de mer, tout au long d’une journée, de l’aube au crépuscule et le cœur du roman en lui-même, qui raconte la vie de ces six personnages. Là encore, la forme est particulière car l’histoire n’est pas racontée par un narrateur mais se construit par la succession des pensées rapportées de chaque personnage. Ce qu’on appelle le fameux flux de conscience, déjà présent chez Ms Dalloway. Chaque flux répond ou complète le précédent, comme si les personnages dialoguaient par la pensée.

Derrière lui rugit la mer. Elle est hors de notre portée. Pourtant, c’est là que je m’aventure. C’est là que je vais réapprovisionner mon vide, étirer mes nuits et les remplir de plus en plus de rêves.

Je vais être honnête, je n’ai pas toujours compris tout ce que je lisais. J’avais d’ailleurs assez peu d’intérêt pour l’histoire de nos six personnages, certains m’étaient même particulièrement antipathiques [Louis, pour ne pas le citer]. Pourtant, j’étais comme subjuguée par cette lecture, traversée de nombreuses fulgurances… Que ce soient les magnifiques descriptions de la nature [les oiseaux, les couleurs, les fleurs, …], les réflexions de Bernard sur l’importance de se créer des histoires [alter-ego de V. ?], de Jinny sur le fait de profiter du pouvoir que lui accordent sa beauté et sa jeunesse avant qu’il ne soit trop tard, de Rhoda sur son inadéquation dans ce monde [I feel you girl]… Ces moments magnifiques venaient rattraper le manque d’intrigue du roman, volontairement désiré par l’autrice.

Je commence à rêver d’une langue intime, comme celle dont usent les amants, de mots interrompus, de mots inarticulés, comme un bruit de pas étouffé sur le trottoir.

Virginia Woolf nous présente trois personnages féminins très différents, aux aspirations diamétralement opposées : Susan, qui aspire à fonder une famille et qui ne s’épanouit qu’à la campagne, Jinny qui vit pour allumer le désir et la passion dans le regard des hommes et Rhoda qui se laisse porter par la vie, sans correspondre à aucun code de la féminité. Et à aucun moment, l’un ou l’autre de ces modes de vie n’est mis en avant par rapport aux autres, ni n’est critiqué. C’est pas pour rien qu’on l’aime Virginia ! 😉

Le thème de la mort est très présent dans ce roman par la figure convoquée de Percival. Chaque personnage s’interroge sur sa relation avec le jeune homme et la place qu’il aurait pu avoir dans leur vie sans cette disparition. Quelle place accordons-nous à nos défunts dans la poursuite de nos vies ? Sans le savoir avant de la commencer, cette lecture a encore fait écho à d’autres œuvres lues ou écoutes récentes… [Il fut joyeux mon hiver 2023 ! ;)]

Les passages poétiques qui donnent leur nom au roman sont absolument superbes et mériteraient d’être lus à part entière, d’une traite, pour saisir vraiment l’évolution qui y est racontée.

Je comprends donc pourquoi ce roman est qualifié de chef d’œuvre ! L’histoire d’amour qui me lie à Virginia continue : j’avais peur d’être freinée dans mon élan mais c’est tout le contraire !

J’aimerais d’ailleurs trouver de chouettes analyses de ce roman donc si vous en connaissez, je suis preneuse des sources ! 🙂

Infos pratiques

• Titre : Les vagues
• Autrice : Virginia Woolf
• Traducteur : Michel Cusin
• Édition : Folio classique, 2021
• Nombre de pages : 429 pages
• Challenge : Fantastiques classiques, saison 3 – Chez les copinautes : Fanny, Moka,