Girl, Woman, Other
Lecture

Girl, Woman, Other de Bernardine Evaristo

Ce livre à la couverture colorée me faisait de l’œil depuis sa sortie en VO et l’avis de Fanny m’avait confortée dans mon envie de découvrir Girl, Woman, Other. Ma grande hésitation était : en français ou en VO ? Puis il m’est apparu dans les rayonnages de Pêle-Mêle et la question fut vite répondue ! 😉

Résumé

Dans Girl, Woman, Other, l’autrice part d’une soirée de représentation théâtrale et nous dresse le portrait de douze femmes [ou plutôt onze femmes et une personne non-binaire] qui sont toutes liées de près ou de loin à la créatrice de cette pièce. A travers ces portraits, on voyage à travers les époques et les réalités qu’a pu prendre l’immigration des personnes noires en Angleterre.

Ce que j’en ai pensé ?!

Girl, Woman, Other est un roman choral divisé en 4 grandes parties, composées, chacune, de 3 chapitres. Chaque chapitre s’attache à suivre un personnage en particulier. J’ai beaucoup aimé découvrir ces portraits de femmes et tenter de débusquer les liens qui pouvaient exister entre elles. J’ai trouvé que la toile tissée par Bernardine Evaristo était brillamment exécutée. De plus, elle use d’une plume très fluide, assez cynique voire parfois carrément acerbe qui m’a vraiment plu. Je me suis vue pouffer à plusieurs reprises.

Ce qui m’a déroutée, lors des premiers chapitres, c’est la forme de son écriture. Est-ce du vers libre ? Cela pourrait parfois s’y apparenter. Une chose est sûre, l’autrice n’utilise pas le point pour clôturer ses phrases : elle se contente de passer à la ligne. Elle alterne des phrases très longues avec d’autres très courtes, parfois d’un ou deux mots, qui m’ont fait penser à une forme de poésie. Cela donne un rythme assez particulier au récit. Une fois habituée, je me suis plu à lire cette écriture atypique mais cela m’a demandé un exercice de concentration plus intense qu’habituellement.

Carole knows what drives people to such despair, knows what it’s like to appear normal but to feel herself swaying

just one leap away

from

the amassed crowds in the platforms who carry enough hope in their hearts to stay alive

swaying

just one leap away from

eternal

peace

L’autrice a voulu donner une vision actuelle, moderne et inclusive de ce que recouvre le fait d’être une femme noire en Angleterre, aujourd’hui. Elle nous présente donc un panel de personnages très varié, sortant des carcans ordinaires. C’est clairement ce qui fait une grande part du succès et de l’originalité de ce roman. Cela mène régulièrement à des scènes violentes, révoltantes, mais aussi à de beaux moments de sororité.

Néanmoins, tout au long de ma lecture, je n’ai pas pu m’ôter l’impression que l’autrice s’était concocté un genre de “bingo à cocher” pour créer ses personnages ou des situations ayant trait à ce que l’ont appelle l’intersectionnalité, en sociologie.  Il est évident que toutes ces réalités existent dans notre société mais j’ai trouvé que l’autrice en accumulait trop pour le microcosme restreint qu’elle nous présentait. Du coup, la réalisation m’a semblé parfois un peu artificielle. D’autant que, multipliant des situations qui, dans la vie réelle sont souvent complexes, j’ai trouvé qu’elle ne les approfondissait pas toujours suffisamment et que certaines pouvaient même apparaître comme étant un peu “clichées”.

Cela ne m’a pas empêchée d’apprécier ma lecture et de m’attacher à ces femmes [certaines plus que d’autres] qui tentent de mener la meilleure vie possible dans la société actuelle. J’ai également aimé la manière dont, arrivée à la fin du récit, j’ai vu toutes les pièces du puzzle s’imbriquer. Je le redis encore une fois, c’était brillant !

Je me plongerai donc avec plaisir dans d’autres ouvrages de Bernardine Evaristo.

Infos pratiques

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