Couverture de Kindred
Culture,  Lecture

Kindred d’Octavia E. Butler

Dans le cadre du Black History Month, j’ai souhaité lire Kindred d’Octavia E. Butler, publié en 1979. L’autrice est l’une des premières femmes noires à connaître le succès dans le genre de la science-fiction. Elle fait maintenant partie des “classiques” féminins à lire même si elle est encore peu connue dans le milieu francophone [mais ça va changer, Le Diable Vauvert republie plusieurs de ses œuvres].

Résumé

1976. Dana, 27 ans, vient d’emménager avec Kevin, un blanc avec qui elle est mariée depuis peu, au grand damne de leurs familles respectives. Tous deux se sont rencontrés grâce à leur amour de l’écriture, activité dont ils souhaitent faire leur métier.

Alors qu’elle range leur bibliothèque, Dana disparaît soudainement pour se retrouver propulsée le long d’une rivière où un jeune garçon est occupé à se noyer. Elle le sauve et revient tout aussi soudainement chez elle. Rapidement, d’autres épisodes de ce genre ont lieu. A chaque fois, le même garçon est impliqué. Dana découvre alors qu’il s’agit de l’un de ses ancêtres et qu’elle se trouve au milieu d’une plantation de coton du Maryland, où elle est évidemment prise pour une esclave…

Ce que j’en ai pensé ?!

L’originalité de Kindred vient du fait que son personnage principal, Dana, peut voyager dans le temps. Elle nous présente alors la vie dans la plantation avec le point de vue d’une personne noire, libre, habituée à être considérée comme un être humain à part entière et non comme un bien meuble dont les propriétaires peuvent décider du sort à leur guise. Cette particularité va lui attirer la réprobation de ses “maîtres”, mais aussi de ses compagnes et compagnons d’esclavage, qui n’apprécient pas cette noire qui se prend pour une blanche. Par ce trope, l’autrice peut alors expliquer comment et pourquoi les propriétaires d’esclaves faisaient en sorte que les noir⋅es n’aient pas accès à l’éducation. Pour le reste, c’est un roman qui est assez classique dans le traitement qu’il propose de la vie d’esclave dans une plantation du sud des USA.

Au-delà du suspens qui sous-tend l’intrigue [Dana parviendra-t-elle à survivre dans ce milieu ? A quel prix ? Pourra-t-elle retrouver son époque ?], ce qui m’a particulièrement intéressée, c’est l’évolution de la relation qui unit Dana et Rufus [le petit garçon blanc qu’elle sauve]. On voit ainsi qu’enfant, même s’il répétait ce qu’il pouvait entendre dire les adultes au sujets des noir⋅es, il n’éprouve pas de sentiment de supériorité par rapport à la jeune femme, ni même par rapport aux autres enfants, esclaves, avec qui il joue régulièrement. Dana l’intrigue car elle ne lui parle pas de la même manière que les autres, c’est tout. Mais, au fur et à mesure qu’il grandit et vieillit, il devient de plus en plus conscient de son rôle de “propriétaire” par rapport aux esclaves, ce qui déteint sur son comportement avec Dana.

In other words, he was sorry. He was always sorry. He would have been amazed, uncomprehending if I refused to forgive him. I remember suddenly the way he used to talk to his mother. If he couldn’t get what he wanted from her gently, he stopped being gentle. Why not ? She always forgave him.

Le personnage de Rufus est assez peu aimable. Même si on comprend d’où proviennent ses comportements, il est parfois impossible de les excuser. Il est profondément jaloux, habitué à obtenir ce qu’il veut, par la ruse ou par la force, s’il le faut. Il est souvent violent et colérique. Et comble de son malheur, les deux femmes qu’il aime le plus au monde sont noires : Dana et Alice, une voisine née libre. Son comportement avec elles est particulièrement ambigu. Il s’inquiète énormément pour elles, tente de les protéger des autres blanc⋅hes, mais ne supporte aucun refus de leur part. Dans ce cas, il peut se montrer terriblement violent et cruel.

Là où Kindred a pu me laisser quelque peu frustrée, c’est sur tout son aspect “surnaturel”. En effet, l’autrice ne nous donne aucune réponse concernant le phénomène qui lie Rufus à Dana [si ce n’est qu’on sait comment il se brise]. J’ai trouvé que c’était un brin facile de nous laisser ainsi dans l’ignorance.

Maintenant, j’essaie de la replacer dans le contexte de son époque. Ce livre a été écrit il y a déjà une quarantaine d’années, quand ce type de récits était plus rare. Je compte donc me pencher sur ses autres romans, notamment La Parabole du semeur, car j’ai passé un bon moment de lecture.

Infos pratiques

  • Autrice : Octavia E. Butler
  • Titre : Kindred
  • Édition : Headline, 2018 (première édition : 1979)
  • Nombre de pages : 295 pages
  • Genre : historique, science-fiction
  • Challenge : 21 livres pour 2021

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