Couverture d'Indiana de George Sand
Lecture

Indiana de George Sand

En novembre, le fantastique classique devait comporter un prénom dans son titre. J’ai donc sorti un roman spécialement acheté pour l’occasion, lors de mon voyage lyonnais : Indiana de George Sand. De cette autrice, je n’avais lu, jusqu’à présent, que deux de ses romans champêtres (La mare au diable et La petite Fadette) et je suis heureuse de l’avoir découverte dans un tout autre genre !

Résumé

Indiana est une orpheline, originaire de l’île Bourbon, et mariée à 16 ans au vieux colonel Delmare. Elle a rejoint depuis peu Le Lagny, le domaine acquis par son époux, en métropole, où elle semble dépérir peu à peu. Jusqu’au jour où elle croise le chemin de Raymon de Ramière, un jeune Don Juan parisien qui se met en tête de séduire cette jeune créole, au regard si triste.

Ce que j’en ai pensé ?!

Allez, la solitude est bonne, et les hommes ne valent pas un regret.

La lecture d’Indiana a été une sorte de parcours de montagnes russes : tout d’abord, j’ai été charmée par la verve du narrateur qui nous dépeint la vie morne de la jeune fille en lançant de nombreuses piques contre l’institution du mariage et le rôle assigné aux femmes de cette époque. D’ailleurs, ce roman a fait scandale lors de sa publication, George Sand ayant été accusée d’écrire contre le mariage.

S’ensuit la longue partie consacrée à l’opération de séduction de Raymon et aux atermoiements amoureux de nos deux jeunes gens… Alors, sans doute est-ce parce que j’ai perdu toute fibre romantique, mais je dois bien reconnaître que cela m’a très rapidement lassée et que j’ai souvent levé les yeux aux ciel devant leurs grandes déclarations [sérieux, d’où c’est crédible quelqu’un qui te crie son amour “pour toujours et à jamais” après t’avoir juste tenu la main au cours d’une soirée mondaine ?!].

Heureusement, plusieurs retournements de situation viennent mettre un peu de piment dans ce récit qui pourrait nous faire penser à un roman de gare, par moments, et le chapitre final vient tout rattraper.

Tant de résolution l’effraya et faillit le dégoûter de madame Delmare. Les hommes, et les amants surtout, ont la fatuité innocente de vouloir protéger la faiblesse plutôt que d’admirer le courage chez les femmes.

Ce roman de George Sand est particulièrement novateur pour les messages politiques qui y sont distillés tout au long du récit : que ce soit concernant l’institution du mariage, l’exploitation des populations autochtones dans les colonies, la question du suicide ou la position de certains personnages sur la religion. L’autrice fait également preuve d’une très grande érudition, parsemant son texte de nombreuses références littéraires que ce soit à des œuvres classiques ou plus contemporaines, francophones et anglophones. Elle interpelle également régulièrement les lecteurs et lectrices, par l’intermédiaire du narrateur.

Elle parle aussi très souvent de politique à travers les discussions que tiennent Raymon et le colonel Delmare. N’étant pas très au fait des subtilités politiques de cette période de l’Histoire de France, ces passages me sont passé par-dessus la tête [j’en ai même allègrement sautés].

Enfin, on retrouve dans ce roman l’amour de l’autrice pour la nature : que ce soit dans les descriptions de la campagne entourant le domaine du Lagny ou dans celles de l’île Bourbon.

Par contre, une chose m’a particulièrement étonnée, c’est le traitement du personnage d’Indiana ou plutôt la dissonance entre la force qui semble émaner de la plupart des actes qu’elle pose et le discours du narrateur à son sujet qui la qualifie régulièrement de “faible femme”. Je suppose que c’était une manière pour George Sand de témoigner de la misogynie de son époque mais cela m’a fait tiquer plus d’une fois…

Indiana est donc un roman particulièrement étonnant, féministe et piquant que je ne peux que vous recommander si vous souhaitez approfondir la lecture de l’œuvre de cette autrice.

Infos pratiques

 

 

 

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