Rendez-vous à Positano de Goliarda Sapienza
J’ai fait la rencontre de Goliarda Sapienza en 2020, avec son roman le plus connu : L’Art de la joie. Une lecture qui m’avait profondément marquée et donné l’envie de découvrir ses autres écrits. Alors, lorsqu’Oxyne l’a inscrite au programme de son club de lecture #Cemoiscionlit, c’était l’occasion rêvée de retrouver l’Italie et de se donner Rendez-vous à Positano…
Résumé
Ce roman débute au milieu des années 40 – début des années 50, lors d’un séjour à Positano pendant lequel Goliarda fait la rencontre d’Erica. Cette jeune femme, du même âge que l’autrice, dégage une aura bien particulière auprès des habitants de l’île qui avaient conseillé à plusieurs reprises à Goliarda de chercher à la rencontrer. Les deux femmes vont nouer une amitié très forte durant plus d’une vingtaine d’années, se rejoignant régulièrement à Positano pour passer leurs vacances.
Ce que j’en ai pensé ?!
Ce roman est une véritable invitation au voyage, même si on sait que nous ne connaîtrons jamais le Positano qu’il nous dépeint car celui-ci à disparu à l’arrivée du tourisme de masse. Le village est un personnage à part entière tant il influe sur le comportement des protagonistes. Goliarda aime régulièrement nous perdre dans ses ruelles escarpées arpentées par des habitant·es qui se promènent nu-pieds. Un grand nombre d’entre elleux apparaissent dans le roman. Certain·es, plus que d’autres, jouent un rôle important dans la pièce menée par Goliarda et Erica. Mais toutes et tous participent à l’atmosphère paisible et chaleureuse qui émane de Positano. La nature, elle aussi, intervient de manière régulière pour surprendre nos amies.
Ce village m’amènera à la perdition, trop familier des mystères, il faut que je m’en aille et que je n’y remette plus les pieds.
Rendez-vous à Positano est surtout une histoire d’une amitié [parfois ambiguë mais toujours platonique] entre Goliarda et Erica. Raconté principalement du point de vue de Goliarda, il nous montre leur prise de contact, d’abord timide, qui se transforme peu à peu en une relation d’une intense profondeur. Goliarda nous révèle qui était son amie, ce qu’elle a appris et vécu auprès d’elle, au fil des années. Parfois, lorsqu’elle nous présente une scène dans laquelle les amies se racontent, la narration change et c’est comme si Erica nous parlait directement.
Je compris aussi que dans toutes les familles – comme dans les nations – il doit y avoir quelqu’un qui fait un pacte avec le diable pour permettre aux autres le luxe de l’utopie et de la moralité.
Durant toute ma lecture, je me suis demandé où était la frontière entre la réalité et la fiction. Car même s’il prend la forme d’un journal dans lequel l’autrice nous raconte ses propres aventures positaniennes, cet ouvrage est pourtant présenté comme un roman. Ce que l’on espère à la lecture de certaines scènes qui, parfois, font froid dans le dos. Certains passages pourraient presque faire s’apparenter à du thriller.
Et Olivia ? Que pouvait-elle faire avec ses 16 ans ignorants, passés à faire du piano, de la harpe, du chant ? Elle dut se charger de tout le poids de la maison. Dans les premiers mois, je l’aidais au moins à se familiariser avec les comptes des courses. Tu n’y croirais pas, mais elle avait peur d’entrer dans les magasins de ce quartier, où de gros hommes brusques et bruyants lui tombaient dessus avec des compliments blagueurs.
A travers les histoires de ces deux femmes, Goliarda évoque de nombreux sujets que l’on pourrait qualifier de politiques. Elle soulève notamment la difficulté pour certaines femmes de subvenir à leurs besoins matériels sans recourir au mariage, car leur éducation ne les a pas armées pour travailler [c’est le cas de la sœur d’Erica]. Elle aborde également la question de l’avortement et ce, à plusieurs reprises. Dans l’un des cas, j’ai d’ailleurs été dérangée par la manière dont c’était à nouveau présenté comme une source de culpabilité qui nécessite forcément une sorte de punition pour la “fautive”. Goliarda Sapienza propose pourtant plusieurs types de relations de couple dans ce roman : allant du couple libre au mariage, en passant par la volonté farouche de rester célibataire.
L’art joue également un rôle important dans la vie de nos deux amies, que ce soit par le métier exercé par Goliarda ou par la passion d’Erica pour la peinture [la jeune femme est une grande collectionneuse à défaut d’être une artiste elle-même].
Ce fut une lecture agréable même si, j’avoue n’avoir pas été aussi transportée que je l’aurais souhaité. J’ai parfois décroché de ma lecture, sans trop savoir pourquoi. Par contre, la fin m’a véritablement attristée car il semblerait que je me sois attachée plus que ce que je croyais à ces deux amies…
Infos pratiques
- Titre : Rendez-vous à Positano
- Autrice : Goliarda Sapienza
- Traductrice : Nathalie Castagné
- Édition : Le Tripode, 2018
- Nombre de pages : 220 pages
11 commentaires
mespagesversicolores
L’art de la joie me tente beaucoup plus.
Maghily
Je comprends, c’est son chef d’œuvre.
Il demande aussi nettement plus d’engagement de la part des lecteur.ices que RDV à Positano 😉
Mokamilla
Je dois lire L’Art de la joie, mais je repousse tout le temps cette lecture.
Maghily
Ya plus qu’à proposer une lecture commune à Fanny pour te motiver ! 😉
Je trouve qu’elle demande d’être dans le bon état d’esprit, pour vraiment en profiter.
Mokamilla
Je suis un peu nulle en timing lecture commune mais je note la suggestion et l’encouragement à nous lancer !
mespagesversicolores
Merci Mag de me mettre la pression je ne l’ai même pas dans ma pal
Une petite virée chez Pêle-mêle dès que tu as terminé tes mois sans achats ?
Maghily
Oups ! Pardon, je pensais que tu l’avais déjà 😉 Au pire, je peux toujours te le prêter.
(En vrai, toutes les excuses sont bonnes pour te pousser à proposer une sortie en librairie).
Avec plaisir donc, je serai largement en manque de livres à ce moment-là ! 😀
mespagesversicolores
Il faut déjà que je te rende tes deux bouquins !
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