NonFiction November
Lecture

Bilan du NonFiction November 2019

Pour la deuxième année consécutive, j’ai décidé de participer au NonFiction November créé par la booktubeuse AbookOlive. Le principe est simple : lire davantage de non-fiction qu’en temps normal, pendant tout le mois de novembre. Pour pimenter le tout, elle proposait des thèmes à suivre mais ce n’était pas obligatoire et vu qu’ils ne m’inspiraient pas spécialement, je n’en ai pas tenu compte.

A la base, j’avais prévu de lire deux livres : finir Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estès et lire le Petit Manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion. Mais, comme souvent, les choses ne se sont pas passées comme prévu. J’en suis au trois-quarts de ma lecture du Pinkola Estès car c’est un livre que je trouve peut-être trop spirituel et psychanalytique pour moi et que je ne lis qu’à petite dose. Par contre, j’ai lu plein d’autres essais durant ce mois !

Petit manuel de résistance contemporaine de Cyril Dion

De Cyril Dion, j’avais beaucoup aimé le film documentaire Demain, réalisé avec Mélanie Laurent. J’étais donc curieuse de voir ce qu’il pouvait bien proposer dans cet essai. Cyril Dion revient sur une des facultés de l’Homme qui a permis son évolution jusqu’en haut de l’échelle alimentaire : celle de pouvoir construire des récits qui mobilisent des communautés vers un objectif commun. Or, pour lui, si nous voulons parvenir à renverser les tendances actuelles, il faut que nous parvenions à construire de nouveaux récits qui s’opposent à celui qui domine actuellement : un pays est fort s’il a une croissance économique forte. Pour ce faire, il nous décrit toute une série de récits qui ont eu court [ou qui ont toujours court] et qui ont construit la société telle que nous la connaissons aujourd’hui.

Il nous explique également que notre cerveau n’est pas configuré pour penser sur le long terme, ce qui explique pourquoi nous ne parvenons pas à nous impliquer réellement dans la lutte contre le réchauffement climatique. Nous préférons nous focaliser sur les pertes à court terme plutôt que d’essayer d’imaginer les conséquences sur le long terme. C’est pour cette raison que plutôt de proposer des changements radicaux, certains préconisent la stratégie des petits pas : se fixer des objectifs atteignables à court terme et qui permettent d’avancer. Cette logique suit, pour moi, celle que semble propose Jonathan Safran Foer dans son nouvel essai [que je n’ai pas encore lu] en devenant vegan pour le déjeuner et le repas de midi.

Mais ce que Cyril Dion met surtout en avant, c’est qu’il est nécessaire pour les différents mouvements de lutte contre le réchauffement climatique de s’organiser et pas de faire chacun des petites choses de son côté. Car ce qui fait la force actuelle des lobbies, des États et autres entreprises capitalistes, c’est qu’ils sont organisés et risquent donc moins de s’essouffler qu’un mouvement non organisé.

Il rappelle également le besoin que nous avons tous de nous reconnecter à la nature car nous en faisons partie. C’est un essai intéressant même s’il n’apporte pas de solutions concrètes, contrairement à ce que son titre pourrait laisser penser.

Manuel d’écriture et de survie de Martin Page

Ce livre était dans ma liste d’envies sur Livraddict depuis des années mais je ne l’avais jamais croisé en magasin, jusqu’ici. De cet auteur, j’ai déjà lu Les Animaux ne sont pas comestibles que j’avais beaucoup aimé. Il a également participé à un épisode des Couilles sur la table abordant la question de la pénétration, suite à la sortie de son dernier essai. Là encore, ses réflexions m’avaient semblé très pertinentes.

Dans ce manuel, nous suivons la correspondance fictive entre Martin et une jeune écrivaine avec qui il discute d’écriture, mais aussi d’autres sujets de société. Ce qui m’a déroutée, à première vue, c’est que cet essai ne reprend que les lettres censées être écrites par Martin, pas celles de sa correspondante. Heureusement, chaque réponse récapitule suffisamment leur conversation pour que nous puissions saisir l’essence des lettres de l’autrice.

Mon avis sur ce livre est plutôt mitigé. J’ai beaucoup aimé les réflexions autour de l’écriture, du métier d’auteur⋅ice, etc. Cela permet de démystifier le statut de l’écrivain⋅ne en témoignant des difficultés qu’un⋅e auteur⋅ice peut rencontrer dans son travail, au quotidien.  Cela nous éclaire également sur le lien important qui se tisse entre l’auteur⋅ice et son éditeur⋅ice.

Par contre, le narrateur évoque également des sujets de société, qui méritent qu’on leur accorde de l’importance, tels que le féminisme ou le végétarisme. Malheureusement, ces évocations sont assez superficielles. Comme si Martin Page avait trouvé important de les glisser dans la conversation tout en s’apercevant que ce serait trop long de développer son point de vue dans ce livre [d’où, peut-être la rédaction de ses deux autres essais]. A deux-trois occasions, cela ressemblait davantage à des lieux communs sans intérêt. J’ai trouvé que cela desservait l’ouvrage et son propos, plus qu’autre chose. Je suppose que l’auteur craignait d’ennuyer son lectorat en n’abordant que la question de l’écriture dans ses lettres fictives mais personnellement, j’aurais préféré.

Les Femmes et le pouvoir de Mary Beard

Cet ouvrage regroupe en réalité deux conférences qu’a prononcées Mary Beard sur l’invitation de la London Review of Book en 2014 et 2017. Ces deux discours sont accompagnés d’une préface et d’une postface de l’autrice qui servent à les intégrer sous la forme d’un manifeste.

Mary Beard s’attache à retourner jusqu’au développement de la mythologie greco-romaine pour y analyser la place qu’y occupait la parole des femmes et quel pouvoir leur était accordé dans la société. Elle remonte ensuite l’histoire jusqu’à aujourd’hui pour comprendre l’implication qu’ont eu ces mythes sur la place des femmes dans la société actuelle.

Cet ouvrage donne des pistes de réflexion pertinentes mais il est bien trop court pour les développer réellement. Je l’ai trouvé intéressant mais sans plus car, pour moi, il manquait de corps. Néanmoins, il m’a donné envie de me pencher davantage sur le mythologie en m’attardant sur la place des femmes dans ces histoires. Je pense commencer par relire l’Odyssée pour me rappeler ce qu’on y dit de Pénélope pour ensuite lire la version remaniée du mythe par Margaret Atwood.

La Mère de toutes les questions de Rebecca Solnit

Cet essai est en réalité une collection de textes que l’autrice a écrits entre 2013 et 2016, au sujet du féminisme. Certains abordent des sujets similaires et peuvent parfois se répéter.

J’ai surtout beaucoup aimé la première grosse partie de cet ouvrage dans laquelle l’autrice s’attarde sur le thème de la réduction des femmes au silence. Comme Mary Beard [qu’elle cite à plusieurs reprises], elle rappelle que depuis l’Antiquité, la société patriarcale a construit l’image de la femme qui n’a pas le droit à la parole dans l’espace public. Ses réflexions font largement écho au discours qu’a prononcé Adèle Haenel dans son témoignage pour Médiapart, sur la question du silence des victimes, notamment et de qui est légitime ou non pour témoigner.

C’est un essai très juste, percutant dont j’ai eu envie de surligner des phrases sur à peu près toutes les pages. Il s’appuie beaucoup sur des débats/polémiques qui ont fait l’actualité, ce qui risque malheureusement de le rendre obsolètes dans quelques années.

Il regorge également de références à des travaux féministes, anciens ou plus récents qui ont tous l’air plus passionnants les uns que les autres [comment faire grossir ta liste d’envies en quelques heures…]. C’est donc un essai que je vous conseille pour comprendre la logique actuelle des mouvements féministes et de leurs actions.

Et vous, vous avez participé au NonFiction November ?!

 

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