Bien sûr que les poissons ont froid
Lecture

Bien sûr que les poissons ont froid de Fanny Ruwet

Fanny Ruwet, je la suis depuis ses années Pure FM quand encore étudiante, elle avait sa propre émission de radio. Elle a enchaîné avec un podcast qui fait partie de mon top 10, Les gens qui doutent, et des chroniques sur France Inter qui me font souvent éclater de rire sur ma pause déjeuner. Elle sort maintenant, son premier roman Bien sûr que les poissons ont froid, alors qu’elle n’a même pas 30 ans [oui, on pourrait avoir envie de la détester très fort mais non]. C’était évident que j’allais me jeter dessus dès sa sortie !

Résumé

En soirée avec son meilleur ami Maxime, Allie repense à Nour, un ami qu’elle avait rencontré sur MSN alors qu’elle avait 15 ans. Leur amitié virtuelle avait duré environ un an avant que Nour ne disparaisse de sa vie. Allie se met alors en tête de le retrouver mais très vite, elle se rend compte que Nour n’a aucune existence sur les réseaux… Existait-il vraiment ou était-ce un catfish ? Avec Maxime, elle se lance dans une enquête qui va animer un peu la langueur de leur été bruxellois.

Ce que j’en ai pensé ?!

Le pitch ne pouvait que m’appeler, moi qui avait rencontré la plupart de mes [petits] amis d’adolescence sur Caramail [la grande époque ! tmtc] et pris des risques souvent inconsidérés pour aller les rencontrer alors qu’ils s’agissaient peut-être de criminels en puissance [pas toujours peut-être, d’ailleurs]. Bref, c’était déjà vendu dès le résumé !

Ça me bute que les gens aient envie de faire des gosses alors qu’on passe clairement sa vie d’adulte à essayer de se remettre de son enfance.

Très vite, j’ai un peu déchanté par contre… Ben oui, en bonne groupie de Fanny, j’ai déjà entendu la plupart de ses blagues diffusées sur les internets. Donc quand j’en ai retrouvé certaines dans les premières pages du livre, je me suis dit que ça allait avoir un méchant air de déjà entendu. Mais très vite, soit que je me suis laissée happer dans l’histoire, soit qu’il n’y avait plus que de l’inédit, je n’ai plus repéré de redites. Ouf !

Pour écrire ce roman, l’autrice s’est basée sur une anecdote qui lui était arrivée, la rencontre virtuelle avec quelqu’un qui a ensuite disparu. Mais très vite, l’histoire se détache du réel pour entrer dans la fiction. Certes, la narratrice s’inspire très largement de l’autrice mais on reste dans le genre du roman. Même si l’humour est omniprésent, Bien sûr que les poissons ont froid aborde des sujets parfois douloureux comme le deuil, le sentiment d’imposture, la rupture ou encore la dépression. Certains passages sont relativement poignants [ceux sur le deuil 💜], nous faisant passer du rire aux larmes, et inversement, en quelques paragraphes. J’ai beaucoup aimé ses réflexions autour de la rupture, notamment. Le ton est très proche de celui qu’elle utilise dans ses chroniques radio : j’avais l’impression de l’entendre parler quand je lisais. On est donc assez loin du style “littérature blanche” mais ça colle parfaitement à la narration. En bonne bobo bruxelloise, j’ai retrouvé plein d’endroits que j’aime aussi fréquenter et je dois dire que j’aime toujours autant retrouver un peu de ma ville dans mes lectures ! 🙂

En général, ce n’est qu’après coup qu’on réalise avoir embrassé un amoureux, vu un proche ou entendu une chanson pour la dernière fois.

Il y a probablement des dernières fois qu’on aurait vécues différemment, si on avait su. On y aurait mis plus d’attention, plus d’intensité. On se serait concentré plus fort pour ne pas oublier ce moment.

Fanny Ruwet utilise un procédé que j’ai également beaucoup apprécié chez Alice Zeniter [d’ailleurs, ces deux là se connaissent bien] : utiliser ses notes de bas de page pour distiller quelques blagues supplémentaires ou pour dialoguer avec son éditeur. Parfois trop, il faut bien l’admettre. Et alors cher Thomas, l’éditeur de Fanny chez l’Iconoclaste, petit message de service pour vous : ce serait sympa, dorénavant, de ne pas gommer les belgicismes dans les textes de vos auteur·ices : vous venez chercher les talents belges, merci de l’assumer jusqu’au bout, ça ne va pas tuer les lecteur·ices français·es de s’adapter un peu, pour une fois ! [Oui, ça m’a saoulée] D’ailleurs, merci Fanny pour la petite rébellion en note 48.

C’était un très chouette premier roman, qui m’a fait passer un excellent moment de lecture ! J’ai pouffé comme une greluche à plusieurs reprises sur mon banc pendant que je prenais le soleil au parc [de toutes façons, je suis déjà cataloguée comme pas toute nette, on est plus à ça près…]. Certes, il y avait quelques lourdeurs qui auraient pu être gommées à l’édition mais Fanny peut largement laisser son syndrome de l’impostrice au fond de son placard, elle nous prouve encore une fois qu’elle a beaucoup de talent !

Infos pratiques

  • Titre : Bien sûr que les poissons ont froid
  • Autrice : Fanny Ruwet
  • Édition : L’Iconoclaste, 2023
  • Nombre de pages :
  • Genre : contemporain, humour

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