Féministe toi-même
Société,  Sorties

Féministe toi-même au Point Culture de Bruxelles

Avez-vous également remarqué que les organisateurs d’événements qui vous intéressent ont toujours l’art de choisir les mêmes dates pour les mettre en place ?! Ce fut encore une fois le cas ce 16 novembre à Bruxelles où avaient lieu le salon du zéro déchet à Tours&Taxis et le festival Féministe toi-même ! au Point Culture de Bruxelles. Il a donc fallu faire un choix…

Qu’est-ce que “Féministe toi-même !” ?

Plusieurs associations et collectifs féministes ont organisé cette sixième édition : de 14 à 22H avaient lieu des ateliers, qu’ils soient créatifs [broderie] ou réflexifs [écriture inclusive, art de la riposte] mais aussi des conférences et des séances de cinéma suivies de débats. Le programme complet est par ici.

Ariane, de la librairie Tulitu était également présente pour vendre des livres dont le sujet tourne autour du féminisme et organiser des séances de dédicaces.

Ce que j’en ai pensé ?!

J’avais surtout décidé d’aller suivre la conférence de Djamila Ribeiro et Joice Berth, deux universitaire brésiliennes noires, intitulée Féminisme noir et empowerment.

Mais avant cela, j’ai eu le temps de participer à l’atelier Ripostement vôtre animé par Laurence Rosier et Irène Kaufner. C’était assez drôle de retrouver mon ancienne prof de linguistique dans un contexte différent de l’université. Après une petite mise en contexte sur ce que nous entendons par riposte et en donnant des exemples de maître⋅sses de la riposte, ce fut l’occasion de discuter avec d’autres personnes [oui, j’ai ouvert la bouche à plusieurs reprises durant cet atelier…. Miracle !] sur la difficulté de riposter face à une agression verbale, selon le contexte dans lequel celle-ci se produit. Sur base des témoignages, nous sommes assez vite tombé⋅es d’accord sur le fait que c’est plus facile de le faire quand on a des arguments concrets à retourner à la personne et/ou quand il y a des témoins, susceptibles d’intervenir si cela dérape ; c’est nettement moins évident lorsque l’on est seul⋅e dans la rue. Cela m’a rassurée de voir que j’étais loin d’être la seule à ne pas oser riposter [ça déculpabilise]. L’atelier nous a également permis, sur base des expériences de certain⋅es participant⋅es et d’Irène qui travaille pour l’Asbl Garance, d’établir des stratégies comme le fait d’utiliser un registre auquel l’agresseur⋅euse ne s’attend pas [humour, extrême politesse, langage cru, selon le contexte] ou d’avoir une réaction surprenante [mimer la folie, se curer le nez, etc.]. D’ailleurs si vous cherchez d’autres idées, j’avais écouté un chouette épisode de Yesss à ce sujet.

Mais venons-en à la conférence ! Le but de celle-ci était d’expliquer la situation particulière des femmes noires brésiliennes : nous avons eu droit à un résumé de leur histoire et de leur évolution sociale depuis la fin de l’esclavage jusqu’à aujourd’hui. Ce qui fait leur particularité, c’est qu’au sortir de l’esclavage, ce sont elles [et non pas les hommes noirs] qui ont dû assurer la subsistance économique de leur famille, notamment par le travail domestique.

L’autre information effrayante qui est ressortie de cette conférence, c’est le fait que bien que la population noire soit majoritaire au Brésil [54% de la population], elle reste écartée de toute une série de droits élémentaires [éducation, droit au logement, etc.] par l’élite blanche de descendance européenne. Et par ce fait, une grande partie de cette population n’a même pas conscience qu’elle est en droit de réclamer un statut égal à celui de l’élite car elle n’a pas l’éducation nécessaire pour comprendre tous les enjeux politiques et sociaux qui se jouent dans le pays.

De plus, lorsque les personnes noires parviennent à un certain statut social, notamment les universitaires, leurs travaux ne sont jamais mis en avant, que ce soit dans leur propre pays ou à l’extérieur. Elles sont complètement invisibilisées, ce qui donnent l’impression qu’elles ne participent pas au développement intellectuel et social de leur pays alors que c’est tout le contraire.

D’où l’importance de l’empowerment et du travail de Djamila Ribeiro et Joice Berth qui cherchent à sensibiliser le monde autour de cette question et à mettre en avant la qualité des réflexions portées par plusieurs générations de femmes noires brésiliennes dont les travaux sont largement méconnus.

C’était une conférence extrêmement enrichissante et stimulante qui a montré, une fois encore, l’importance de l’intersectionnalité dans les diverses luttes de défense des droits humains [et non humains, d’ailleurs]. Cela m’a, encore une fois, fait prendre conscience de mes privilèges en tant que femme blanche européenne. Je trouve cela primordial d’aller entendre des discours et recherches de féministes qui viennent d’autres horizons que les miens afin de me rappeler que le combat pour l’égalité des genres, des races et autres minorités de manière générale est loin d’être gagné !

Sur le thème du privilège blanc, j’écoutais justement cet épisode de Kiffe ta race, hier sur le chemin vers la conférence. Là encore, c’est un discours que je trouve nécessaire d’entendre et qui est porté par un universitaire blanc [comme quoi, ya pas que les femmes noires qui en parlent ! ;-)]

Pour aller plus loin, voici quelques ouvrages dont il a été question hier :

Et vous, cela vous arrive de participer à ce genre de conférences ?! Si vous avez des bons plans sur Bruxelles, partagez-les ! 😉

 

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