Combat de pauvres à l’Atelier 210 [Théâtre]
Ce mercredi, je ne viens pas vous parler de lecture mais de théâtre avec une pièce forte, que je suis allée voir hier soir à l’Atelier 2010 : Combat de pauvres de la compagnie ART & TCA. Il s’agit de théâtre-documentaire, c’est-à-dire que les auteurs ont d’abord réalisé un travail d’investigation sur leur sujet avant de traduire le fruit de leur recherche sur scène.
Leur but est de rendre visible un phénomène que l’on aimerait rendre le plus invisible possible dans nos sociétés : la pauvreté et ses conséquences. Tour à tour, les acteurs se mettent dans la peau de sans-abris, d’usagers du CPAS, de chômeurs ou de familles monoparentales. Leur point commun : le fait d’être ravagés, que ce soit mentalement ou physiquement, par la pauvreté. Violence, démence, dépendance, dépression… Aucun de ces troubles n’est passé sous silence : ils nous montrent la face dure de ce monde que nous connaissons relativement peu [du moins, ici, par nous, j’entends mon entourage proche]. Le tout est fait sans misérabilisme : les acteurs souhaitent donner une voix à ceux qui n’en n’ont plus mais sans accuser le public ou les mieux lotis. Ils veulent aussi nous montrer que la chute peut être rapide et frapper n’importe qui. Les politiques, par contre, en prennent pour leur grade et ils ne l’ont certainement pas volé !
Les scènes jouées sont parfois interrompues par des extraits vidéos ou audios tirés de leur enquête de terrain : interviews, extraits de reportage, etc. sont là pour nous ramener à la réalité et nous rappeler que nous sommes peut-être au théâtre, mais que ce n’est pas de la fiction.
Certaines tirades nous retournent littéralement les tripes : j’ai parfois eu le souffle coupé par les émotions éprouvées en les écoutant. Cela me fait dire que le jeu d’acteur était bon mais je ne suis vraiment pas une experte en la matière. Cela m’a touchée, donc j’estime qu’ils ont fait le job !
L’esthétique de certaines scènes est également magnifique, notamment vers la fin de la pièce. Cela vient amplifier le côté dramatique de ce qui nous est présenté.
La pièce se veut accessible à tout public, habitué du spectacle théâtral ou non. Néanmoins, j’ai trouvé que certains passages étaient encore fort tournés vers l’esthétique, plus que sur le message en lui-même, ce qui rendait ce dernier moins perceptible.
Chaque soirée se termine par une séance de débat avec un intervenant différent chaque jour. Hier, il s’agissait d’un ancien SDF qui travaille désormais comme expert de terrain auprès d’un SPF. Le débat était animé mais pas toujours constructif : on ressentait que les personnes qui prenaient la parole souhaitaient surtout faire part de leur ressenti ou témoigner de leur propre histoire, qu’importe qui était l’intervenant. Cela doit dépendre d’un soir à l’autre mais j’avoue que j’étais contente qu’on en finisse.
Le seul bémol de ma soirée vient du manque de tenue de certaines personnes du public qui, pour moi, étaient réellement irrespectueuses, n’hésitant pas crier leurs réflexions aux acteurs pendant la pièce. Que chacun, selon son niveau, prenne part au débat qui suit, je suis tout à fait d’accord, mais pendant le jeu des acteurs, le public doit savoir rester à sa place et simplement écouter [sauf demande de participation de la part des acteurs, évidemment]. Ce n’était clairement pas le cas hier et c’était parfois pénible.
Si vous êtes bruxellois [ou des environs], je vous conseille vraiment cette pièce ! Par contre, il faut vous dépêcher car cela ne dure que jusqu’au 17 novembre !
Infos pratiques
- Titre : Combat de pauvres
- Compagnie : ART & TCA
- Lieu : Atelier 210
- Dates : du 6 au 17 novembre 2018
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