Lecture

L’Enfant de l’étranger d’Alan Hollinghurst

J’avais de grandes attentes concernant ce roman d’Alan Hollinghurst, L’Enfant de l’étranger [oui, je me suis encore laissée avoir par le marketing, pas de commentaire]. Pourquoi ? Déjà, parce qu’il avait pas mal pullulé sur les comptes Instagram et Twitter de blogueuses que je suis régulièrement : la couverture avait l’air sympa et les avis enthousiastes [sauf qu’en réalité aucune ne l’avait encore lu, petites coquines]. Ensuite, parce que le Livre de Poche est assez fort pour vendre ses romans : que ce soit le résumé ou les “commentaires” de lecteurs, tout me parlait. Enfin, n’oublions pas la fameuse vignettePrix des Lecteurs” [qui commence d’ailleurs à me faire un peu trop souvent de mauvaises blagues]. Pourtant, vous allez comprendre que j’ai assez vite déchanté… La preuve ; il m’aura fallu trois longues semaines pour en venir à bout !

Couverture de L'Enfant de l'étranger d'Alan Hollinghurst

1913. Georges Sawle invite, pour le week-end, son amant [secret] et mentor, le jeune poète Cecil Valance. Celui-ci marque instantanément la famille Sawle et, plus particulièrement, Daphné, la jeune sœur de Georges. Des relations se créent, rapidement brisées par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Quelques années plus tard, les ravages de la guerre sont toujours présents et tous n’y ont pas survécu. Daphné est devenue Lady Valance mais les choses ne sont pas forcément celles que l’on croit. Cecil est désormais un poète reconnu dont l’oeuvre inspire de nombreux intellectuels. A chaque époque, de nouveaux admirateurs gravitent autour de Daphné pour connaître la vérité sur Cecil Valance. Leur point commun ? Leur homosexualité, qu’elle soit assumée ou non. 

D’Alan Hollinghurst, j’ai lu qu’il a une belle plume. Et c’est aussi mon avis. Cependant, celle-ci ne m’a malheureusement pas sauvée de l’ennui ! Car pour accrocher le lecteur pendant plus de 700 pages, il ne suffit pas d’avoir du style, il faut également lui accoler un contenu intéressant. Et c’est là que le bât blesse…

Le roman est divisé en cinq grandes parties, chacune se déroulant à une époque différente. Les périodes se suivent de manière chronologique. Le lien central entre chaque partie c’est, bien entendu, Cecil Valance et, plus spécifiquement, l’homosexualité cachée de Cecil.

C’est dans la première partie que tout se joue : on y découvre, le temps d’un week-end à la campagne, les liens qui unissent les trois personnages principaux du roman : Georges, Cecil et Daphné. Dans les parties suivantes, qui se déroulent généralement sur quelques journées, un personnage extérieur à ces trois protagonistes tente de reconstituer ce qu’il s’est passé durant ces deux journées, jusqu’à l’époque dans laquelle le curieux vit. Chacun souhaitant démêler les liens entre toutes les personnes qui gravitent autour de ce trio.

La plupart du temps, l’auteur joue avec les non-dits. Tout d’abord, il ne précise jamais à quelle époque se situe l’action et il ne dévoile l’identité des personnages en présence qu’après un laps de temps assez long. Le lecteur navigue donc dans une espèce de flou tout au long du roman. De plus, les différents biographes ne parviennent jamais à obtenir l’intégralité des informations qu’ils recherchent ou alors, ils les obtiennent bien plus tard, au détour d’une conversation qui n’a rien à voir avec l’objet de leur recherche.

Les personnages sont très nombreux, ont parfois des noms assez similaires  et ne sont qu’assez peu fouillés. Difficile donc pour le lecteur de véritablement les cerner et, encore moins, de s’y attacher.

L’intention d’Hollinghurst, si je l’ai bien comprise, est de démontrer comment l’homosexualité était vécue et perçue, dans cette société aristocratique anglaise, durant tout le vingtième siècle. Malheureusement, à force d’intégrer autant de personnages homosexuels aux comportements relativement téléphonés, l’auteur dessert sa cause. Cela en devient vaguement burlesque et semble limite tourner à l’obsession.

Vous l’aurez compris, je n’ai que très peu apprécié ce roman qui avait pourtant pas mal d’atouts dans son sac. Ce n’est vraiment pas une lecture facile et je ne la recommande pas à ceux qui sont en quête d’évasion ou de divertissement mais plutôt aux adeptes de la littérature contemplative.

Déjà lu ce roman ou cet auteur ? Qu’en avez-vous pensé ? 

Ce roman aura au moins le mérite de me permettre de participer au Pavé du mois d’avril avec ces quelques 768 pages !

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