Lecture

La Chambre des officiers de Marc Dugain

Je reviens encore une fois avec un roman qui se déroule durant la Première Guerre mondiale : La Chambre des officiers de Marc Dugain. Comme Pierre Lemaitre avec Au revoir, là-haut, l’auteur aborde la question des gueules cassées.

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Adrien, jeune ingénieur nommé lieutenant, part en mission de reconnaissance avant même le début réel des combats. Il n’a pas encore eu l’occasion de voir l’ennemi qu’il se fait faucher par une balle allemande, touché au visage. Vu l’ampleur de ses blessures, il est transféré au Val-de-Grâce où il restera 4 ans : le temps nécessaire pour panser des blessures tant physiques que psychologiques. Là, il rencontre d’autres blessés de la face, avec lesquels il se lie d’amitié. Ensemble, ils tentent de surmonter ce coup du sort et de se réintégrer à la vie civile.

Dans ce roman assez court mais poignant [171 pages], Marc Dugain rend hommage à ces hommes qui, par leurs blessures, ont perdu une grande partie d’eux-mêmes. Comment vont-ils oser se présenter à leurs proches ? Ceux-ci vont-ils les reconnaître, eux qui ne ressemblent plus qu’à un amas de chairs déchiquetées ?

Par ce roman, on apprend également que pour ces grands blessés, la période la plus difficile à surmonter n’était pas celle des années de conflit [ils étaient bien encadrés et protégés à l’hôpital] mais celle du retour à la vie civile. La France, mis à part dans ses soirées de gala ou lors de conférences politiques, ne veut plus voir ces monstres qui lui rappellent cette trop longue guerre. Soit on leur refuse leur ancien emploi, soit on les condamne à des emplois subalternes où ils ne croiseront pas trop de monde.

Nos amis vont-ils pouvoir retrouver un semblant de vie sociale et familiale ? Peuvent-ils encore avoir droit au bonheur ? Ce sont des questions auxquelles Marc Dugain répond avec brio.

Dans ce roman, pas de pathos pour tirer les larmes du lecteur mais des réflexions parfois dures sur la condition de ces hommes dont le caractère témoigne d’une grande force. Tous sont attachants malgré leurs différences.

Un très beau roman qui nous parle de cette réalité peu connue et peu enseignée dans les classes d’histoire.

Ma note : 

love4

Le roman a été adapté à l’écran, il y a quelques années. En voici la bande annonce :

5 commentaires

    • maghily

      Au revoir-là haut, il faut arriver à passer toute la période où l’ami d’Albert est hospitalisé [je ne retrouve plus son prénom]. Une fois qu’ils sont de retour à la vie civile, je trouve que ça décolle davantage.
      Mais c’est vrai que les thèmes sont identiques et qu’ont a un peu une impression de redite entre les deux romans. On sent que La Chambre des officiers a pas mal inspiré Lemaitre.

  • Tasse de culture

    C’est un roman que j’avais beaucoup aimé également. L’auteur réussi le pari de parler d’un sujet très difficile sans tomber dans le pathos. Ce livre m’a beaucoup marqué. Par contre, je ne pense pas regarder l’adaptation…

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