Lecture

Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro

Aujourd’hui, je vais vous présenter un roman d’anticipation dont la lecture me laisse perplexe. Difficile donc de dire si je l’ai aimé ou non. Il s’agit d’Auprès de moi toujours de Kazuo Ishiguro, livre qui a été adapté au cinéma en 2010 sous son titre original Never let me go avec Keira Knigthley et Carey Mulligan.

Ishiguro

Kathy, Ruth et Tommy sont amis depuis l’enfance, alors qu’ils fréquentaient Hailsham, un internat élitiste où l’on mettait principalement l’accent sur le développement créatif et physique des élèves. Aujourd’hui âgée d’une trentaine d’années, Kathy revient sur ces années d’enfance ainsi que sur la relation ambiguë qui la liait à ses amis et l’impression de mystère qui se dégageait d’Hailsham et du futur qu’on leur préparait. Très jeunes, les élèves prenaient conscience qu’ils étaient spéciaux mais n’apprenaient que très tardivement la nature exacte de cette différence.

Le sujet abordé par Ishiguro pourrait probablement devenir l’objet d’un débat de société d’ici quelques années. Bien que largement ancré dans le réel, il nous présente un monde imaginaire transformé par les progrès de la science. Tout cet aspect est relativement passé sous silence durant toute la première partie du roman. Le lecteur découvre de quoi il retourne par le biais de non-dits et des bribes d’information glanées par les élèves.

La forme du roman peut se révéler assez perturbante car la narratrice fait de nombreuses digressions et tout autant de retours en arrière, se laissant guidée par le flot de ses souvenirs et par les impressions ou réflexions que chacun fait naître en elle.

Cette histoire, c’est également celle d’un triangle amoureux qui se nourri d’amour, d’amitié mais aussi de jalousie et de rancoeur et qui ne doit sa survie qu’au renoncement de l’un ou l’autre des protagonistes.

Comme je le disais, ce roman me laisse dubitative. J’ai eu beaucoup de mal à entrer dans l’histoire, et j’ai cru comprendre que je n’étais pas la seule. Les souvenirs enfantins de Kathy, notamment, m’ont particulièrement ennuyée. Je ne voyais pas toujours où elle voulait en venir et la trouvais terriblement immature dans ses relations avec Ruth et Tommy, même passée la période adolescente. Leur comportement à tous les trois semble assez artificiel, or l’auteur nous laisse entendre qu’ils sont doués d’une âme et de sentiments normaux. Néanmoins, je n’ai pas pu m’empêcher de m’attacher à eux et j’ai dévoré la seconde moitié du roman en une soirée (alors qu’il m’a fallu plus d’une semaine pour lire la première partie).

Le “programme” décrit par Ishiguro manque également de profondeur : par quelles règles est-il régi ? Pourquoi les élèves, une fois sortis dans le monde ne tentent-ils pas de s’en échapper ? Pourquoi ne remettent-il pas le système en question ?

Au final, j’ai ressenti un certain malaise durant toute ma lecture, impression qui ne m’a toujours pas quittée. Je ne pense pas que recommanderais forcément ce roman à mes ami(e)s mais je ne le leur déconseillerais certainement pas non plus. Je tenterais probablement de lire un autre ouvrage de l’auteur pour voir si une impression plus tranchée s’en dégage.

Ps : au moment où j’ai choisi et acheté ce livre, je n’avais pas conscience que c’était l’oeuvre dont était tirée le film Never let me go que j’avais vu il y a un ou deux ans. Heureusement, celui-ci m’ayant laissé très peu de souvenirs, cela ne m’a pas trop gâché le plaisir de la découverte. Je pense que c’est justement l’intérêt de ce roman : ne pas savoir qui sont exactement les élèves et l’apprendre en même temps qu’ils en prennent conscience eux-mêmes.

Ma note : 

love3plus

Roman lu dans le cadre du challenge ABC

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