Couverture du livre de Marie Kock
Culture,  Lecture

Après le virage, c’est chez moi de Marie Kock

De cette autrice, j’avais adoré Vieille fille, qui avait pas mal résonné avec la célibataire de presque 35 ans que j’étais quand je l’ai lu. Et le pitch d’Après le virage, c’est chez moi me parlait tout autant !

Dans cet ouvrage, Marie Kock déroule sa biographie en suivant le fil des différents endroits où elle a vécu. Elle nous emmène chronologiquement de sa maison d’enfance à l’appartement marseillais qu’elle occupe actuellement, en passant par ses logements d’étudiante ou ses lieux de vacances. Elle va même jusqu’à s’interroger sur ce qu’elle souhaiterait comme dernière demeure.

L’autrice constate, au gré de ses voyages, qu’elle recherche toujours les paysages qui lui rappellent son enfance à la maison du V., la maison secondaire de sa mère où elle passait ses vacances et de nombreux weekends. Elle s’interroge sur ce qui l’a chaque fois poussée à changer de lieu de vie, mais aussi sur ce qu’elle désire vraiment comme endroit où habiter.

Elle revient également sur le lieu de ses origines, analyse le sentiment qu’elle ressentait à l’époque, sur les raisons qui l’ont incitée à en partir. Elle prend conscience des richesses de sa ville d’origine, qu’elle prenait pour argent comptant mais qu’elle n’a pas forcément retrouvé ailleurs. Elle s’avoue aussi que le hasard a joué un large rôle dans le fait qu’elle aille vivre à l’autre bout de la France. Cette considération faite, elle s’interroge sur les raisons qui nous poussent souvent à dénigrer celles et ceux qui font le (non) choix de rester dans leur région d’origine après l’obtention de leur diplôme du secondaire plutôt que de la quitter pour aller entamer des études dans de plus grandes villes.

Il s’agit donc d’un récit intime, qui part de l’expérience personnelle même de l’autrice pour se questionner sur nos rapports aux lieux. L’essai prend parfois un tour plus politique, notamment quand l’autrice rappelle que nous n’avons pas tous et toutes les mêmes droits quand il s’agit de choisir le lieu où l’on vit. Elle aborde, entre autres, l’hypocrisie qui nous pousse à valoriser la « van life » mais à stigmatiser les gens du voyage ou à rejeter celles et ceux qu’on nomme « les migrants ».

Se poser la question de nos habitats, c’est aussi s’interroger sur nos rapports familiaux et leurs liens dans nos choix de partir ou rester à un endroit précis. C’est aussi se demander ce que l’on lèguera à celles et ceux qui nous survivront.

Marie Kock souligne aussi l’impact de la question du réchauffement climatique sur les lieux qu’on habite. Cela fait pas mal écho aux récentes chutes de glacier qui se sont passées en Suisse en ce printemps 2025. Comment faire si notre région choisie devient peu à peu hostile voire carrément inhabitable ?

C’est donc un essai qui dépasse le simple questionnement du « Où souhaiterais-tu vivre » ? mais qui brasse de nombreuses réflexions autour de la manière dont nos habitats nous imprègnent.

J’ai aimé cette lecture même si, je pense que j’aurais voulu qu’elle soit peut-être plus fouillée (et moins ancrée uniquement sur un récit personnel). L’autrice propose quelques idées de lectures pour aller plus loin que je me suis empressée d’ajouter à ma liste à lire !

Infos pratiques

  • Titre : Après le virage, c’est chez moi
  • Autrice : Marie Kock
  • Édition : La Découverte, 2025
  • Nombre de pages : 208 pages
  • Genre : essai, autobiographie

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