
Méfiez-vous des femmes insomniaques d’Annabel Abbs
Il y a deux ans, je découvrais Méfiez-vous des femmes qui marchent, que j’avais véritablement adoré ! Alors, quand j’ai vu que l’autrice reprenait le même concept à propos des femmes insomniaques, j’étais on ne peut plus enthousiaste ! [dixit la fille qui va régulièrement marcher pour s’épuiser et espérer dormir une nuit complète]. Force est de constater que toutes les suites ne sont pas forcément nécessaires…
Dans cet ouvrage, Annabel Abbs part de sa propre expérience d’insomnie suite au décès brutal de son père. L’autrice cherche à comprendre pourquoi elle ne parvient plus à trouver le sommeil et découvre, au fil de ses recherches, une nuée de femmes plus ou moins célèbres qui ont souffert du même mal et qui l’ont mis à profit pour créer. Que ce soit des autrices comme Sylvia Plath, Virginia Woolf ou Émilie Dickinson, des peintresses comme Lee Krasner ou encore des astronomes, des philosophes ou des photographes.
Peu à peu, Annabel Abbs se découvre une personnalité nocturne et cherche à l’apprivoiser. Elle s’aperçoit que l’Annabel-de-nuit est plus téméraire que sa version diurne. Elle se penche alors sur différentes études qui analysent les rapports entre les humains et l’obscurité, que ce soit d’un point du vue physiologique ou social. Elle lit également les témoignages des femmes artistes qui racontent leur propre rapport à la nuit et à l’obscurité et l’impact que celle-ci a sur leur création. Elle se met alors à les imiter pour comprendre ce qu’elles peuvent ressentir dans les différents moments décrits : en allant se promener de nuit dans la nature, en nageant de nuit dans la mer, en dormant à la belle étoile, etc.
Le gros bémol, c’est que j’ai l’impression que l’autrice creuse nettement moins la biographie des femmes évoquées, que dans son précédent ouvrage [après, la traduction du titre est trompeuse, en VO, l’ouvrage s’intitule Sleepless]. Ces femmes sont surtout là pour illustrer une nouvelle théorie de l’autrice ou le sujet d’un chapitre mais elles ne sont pas abordées en profondeur.
De plus, j’ai eu l’impression que l’on tournait un peu en rond dans certains chapitres ; l’autrice se perdant dans son propre cheminement personnel pour retrouver le sommeil.
D’un point de vue plus féministe, j’ai trouvé qu’elle enfonçait des portes ouvertes en abordant le sentiment d’insécurité des femmes dans la rue. Elle touche du doigt 2 – 3 théories qu’il aurait été intéressant de détailler davantage comme celle sur l’urbanisme public et la gestion de la lumière dans nos villes (que ce soit sur le plan de la sécurité ou de l’écologie). Mais encore une fois, elle ne les développe pas suffisamment.
Bref, ce ne fut pas une mauvaise lecture en soi, loin de là, mais j’espérais en retirer davantage. Ici, à part quelques noms d’artistes dont je veux creuser la biographie et quelques sources d’ouvrages à lire, je n’en ressors pas avec grand chose que je ne savais déjà. Cela ne m’empêchera pas de continuer à suivre son travail car je trouve qu’elle a toujours de bonnes idées de sujets à aborder, mais il est possible que la prochaine fois, je ne me jette pas trop vite sur le grand format…
Infos pratiques
- Titre : Méfiez-vous des femmes insomniaques
- Autrice : Annabel Abbs
- Traductrice : Béatrice Vierne
- Édition : Arthaud, 2024
- Nombre de pages : 368 pages
- Genre : essai
- Challenge : en sortir 25 en 2025

