
Ourika de Claire de Duras
En septembre, les fantastiques classiques se penchaient sur des auteurs et autrices au programme des différents examens de littérature (Agreg, etc.). Vu que je voulais lire une femme, mon choix était quelque peu limité et j’ai donc choisi Ourika, de Claire de Duras.
Résumé
Ourika est un très court roman, voire une nouvelle, qui se déroule principalement à la fin du XVIIIe siècle, voir au début du XIXe. Un médecin raconte sa rencontre avec Ourika, une nonne noire qui vit ses derniers instants. Elle lui raconte alors son histoire, qui est retranscrite par le narrateur.
Ourika avait deux ans lorsque ses parents sont morts et qu’elle a failli être emportée sur un bateau négrier. Rachetée par le fils de Mme de B., elle est placée sous la protection de cette dernière et est éduquée aux côtés de Charles, le petit-fils de Madame de B.
Ce que j’en ai pensé ?
Il s’agit d’un récit relativement classique dans lequel une enfant, venant d’une « basse extraction » est placée sous la protection d’une personne de la noblesse. L’enfant n’a pas conscience de sa différence jusqu’à l’adolescence où commence à se poser la question de son avenir. Dans le cas d’Ourika, sa couleur de peau vient s’ajouter au fait qu’elle provient d’un milieu pauvre. Mais que faire d’elle désormais ? C’est la question qu’Ourika surprend alors qu’elle écoute une conversation entre Madame de B. et une de ses amies. La jeune fille devient trop âgée pour continuer à être la petite poupée savante de Madame de B. mais elle est aussi trop éduquée que pour pouvoir être heureuse dans un métier de domestique. Or, aucun homme de sa condition n’acceptera de se marier avec une femme noire. Est-elle condamnée à la solitude ?
Claire de Duras était issue d’une famille qui était en faveur de l’abolition de l’esclavage. On pourrait donc penser que ce roman était celui d’une dénonciation du racisme de l’époque. Malheureusement, les commentaires d’Ourika sur « les gens de son pays » dégoulinent eux-mêmes de racisme et de dégoût pour les personnes noires. Donc je reste assez mitigée sur la volonté de dénonciation du racisme qu’on lui prête parfois: c’est sans doute une relecture trop contemporaine. Ici, Ourika fait office d’exception qui confirme la règle : avec une très bonne éducation, elle a pu atteindre le même niveau intellectuel que la bonne société qui peuple les salons de Madame de B. Néanmoins, elle ne mérite toujours pas de la rejoindre et c’est ce qui donne un côté tragique à cette histoire.
Ce roman dénonce également les mauvais traitement qu’ont subi les personnes de la haute société au moment de la Révolution et du régime de la Terreur. On pourrait même penser que c’est ce qui indigne davantage l’autrice, que l’avenir bouché de sa protagoniste mais cela s’explique sans doute par l’exil qu’elle a dû elle-même subir à cette époque.
L’ouvrage étant très court, je n’en dis pas plus. Je n’ai pas été transcendée par ma lecture. Je suis sûre qu’il y aurait pas mal de choses à en analyser et que ça doit être un bel outil à utiliser en classe avec des élèves mais je n’ai pas eu le temps de me prêter vraiment à l’exercice (et ma version numérique du projet Gutenberg ne comprenait pas de notes ou de carnet pédagogique).
Bref, c’est un retour par la petite porte, en ce qui me concerne pour cette 6e saison des fantastiques classiques !
Infos pratiques
- Titre : Ourika
- Autrice : Claire de Duras
- Année de publication : 1823
- Édition : version électronique mise à disposition dans le cadre du projet Gutenberg
- Nombre de pages : 70 pages
- Genre : classique
- Challenge : Les classiques, c’est fantastique – saison 6

2 commentaires
Ingannmic
Je n’avais pas fait attention à l’absence de parité au sein de ces programmes d’examens… comme quoi il y a encore du boulot !!
Virginie Vertigo
J’ai lu Ourika également pour le challenge mais ce sera ma seconde chronique (je posterai sans doute jeudi).
Je n’ai pas ressenti le racisme de l’autrice même si je suis d’accord qu’on fait parfois une lecture trop contemporaine des classiques. Je n’oublie pas que le narrateur est le médecin et que les propos sont déplacés. Mais bon après c’est une histoire de ressenti.
Je suis d’accord avec toi sur le cas des répercussions de la Terreur puisque l’autrice en a été également affectée.
Je n’ai pas pu m’empêcher aussi de faire le parallèle entre la solitude d’Ourika et la solitude de Claire de Duras au moment de l’écriture (et cette citation de Byron en exergue).