Les années - Annie Ernaux
Lecture

Les années d’Annie Ernaux

Je continue lentement mais sûrement mon exploration de la bibliographie d’Annie Ernaux avec les Années. Quelle meilleure période que l’été pour se plonger dans ce roman ?!

Résumé

L’autrice a choisi une série de photos sur lesquelles elle apparaît et qui retracent son existence, de son enfance au début des années 2000. Chaque photo lui permet de développer une série de réflexions autour de ce qui importait dans la société française à l’époque où chaque photo a été prise.

Ce que j’en ai pensé ?!

Penser, parler, écrire, travailler, exister autrement : on estimait ne rien avoir à perdre de tout essayer.

Annie Ernaux aura mis plus de 20 ans à écrire cet ouvrage qui lui a donné du fil à retordre : doit-elle écrire au « je » ou au « elle » ? Quels souvenirs exhumer ? Sont-ils représentatifs de choses qui vont au-delà de sa simple expérience personnelle ? Au fur et à mesure que le temps passe sans qu’elle ne trouve la formule magique qui lui permettra d’exprimer ce qu’elle souhaite dans cet ouvrage, la pile de photos devant servir de fil conducteur s’étoffe. Ce qui fait Des Années l’un des ouvrages les plus conséquents de l’autrice.

La narration hachée, quelque peu décousue de ce roman m’en a d’abord éloignée. Il m’a fallu quelques dizaines de pages avant de vraiment y accrocher. Il y a une sorte de ritournelle qui émane de ce livre, une répétition qui provient du genre de photos qui sont généralement choisies pour illustrer les différentes époques. Les références les plus fréquentes sont celles des repas de famille parmi lesquels la place de la narratrice change au fil des pages et des années : de l’enfant sage à la matriarche rassembleuse, en passant par l’ado taiseuse ou la jeune femme plus effacée. Il y a une redondance dans la convocation de ces images, que ce soit à l’intérieur du récit lui-même ou par rapport au reste de l’œuvre de l’autrice. On retrouve de-ci, de-là, des anecdotes qui ont fait ou feront l’objet d’un livre.

Les marottes propres à l’autrice sont toutes présentes : les difficultés vécues comme transfuge de classe, les questionnements par rapport au couple et à la consommation, la peur des conséquences du sexe hors mariage, les combats féministes, la dénonciation des inégalités sociales ou la critique des politiques, …

En lisant Les Années, j’ai pris conscience que les combats qui sont les nôtres aujourd’hui nourrissaient déjà les révoltes d’il y a 30 – 40 – 50 ans… La vie serait-elle un immense recommencement ? J’en suis venue à me demander à quel point nos manifs étaient vaines car nos slogans ont assez peu évolué depuis tout ce temps : c’est déjà le 2e livre qui me fait cet effet, cet été.

Les Années est actuellement l’une de mes lectures préférées de l’autrice : sans doute parce que ce roman est plus dense que les autres, que j’ai vite eu tendance à oublier. J’ai aimé reconnaître certains personnages ou sujets d’autres romans déjà lus précédemment. Ce que j’ai particulièrement apprécié ici, c’est de voir l’évolution de la narratrice au fil des ans, que ce soit à travers ses choix de vie ou ses réflexions sur des sujets de société. J’ose donc espérer garder une meilleure trace de cette lecture dans ma mémoire que ce n’est le cas pour ses autres romans.

Infos pratiques

  • Titre : Les Années
  • Autrice : Annie Ernaux
  • Édition : Folio, 2008
  • Nombre de pages : 254 pages
  • Genre : auto-fiction

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