Lecture

L’Odyssée vue par Homère et Margaret Atwood

C’est parti pour la saison 2 du challenge, Les classiques, c’est fantastiques ! En ce mois de mai, Fanny et Moka nous emmènent en voyage…

Quel voyage est-il devenu plus classique que celui d’Ulysse ? Voilà enfin venue l’occasion de lire ce roman qui trainait dans mes étagères depuis plus de 15 ans. Que faisait-il là ?! Je suppose que j’ai dû en étudier des extraits durant mes études [clairement, il ne m’avait pas marquée…]. Si l’une de mes camarades peut m’éclaire à ce sujet… 😉

L’odyssée d’Homère

Je ne vais pas vous faire l’affront de vous le résumer et je passe donc à mon avis…

Puisque l’Odyssée est un long [trop long] poème composé de 24 chants. Il se divise en trois grandes parties : l’histoire de Télémaque qui part à la recherche de son père, le voyage d’Ulysse et le retour d’Ulysse.

En réalité, je ne sais pas trop quoi vous en dire. Il m’a fallu un certain temps pour m’habituer à cette curieuse narration dans laquelle chaque personnage n’est pas simplement nommé par son prénom mais par une longue expression qui le caractérise ou qui le replace dans sa lignée. Ainsi, Zeus est toujours “Zeus, fils de Cronos”, Ulysse est “fils de Laërte, Ulysse aux milles tours”, etc.

De même, l’ensemble de l’œuvre est construite sur la répétition d’expressions [Aurore aux doigts de rose] ou de schémas narratifs. Ainsi, chaque fois qu’un personnage arrive dans un nouveau lieu, il se fait conduire chez le “chef” du lieu (roi, prince, demi-dieu ou que sais-je). Là, on l’invite d’abord à se laver, puis à se restaurer longuement puis à se reposer et, seulement le lendemain, à expliquer les raisons de sa visite… Toutes ces circonvolutions allongent considérablement le récit [perso, j’en avais un peu ma claque de les voir se goinfrer de bidoche rôtie].

Même si j’ai apprécie découvrir l’œuvre qui a ensuite servi de base à bien des réécritures d’œuvres sur les dieux, déesses ou créatures dont les noms font aujourd’hui partie de notre culture, je n’ai pas particulièrement vibré à la lecture des nombreux exploits d’Ulysse. Est-ce parce qu’il m’a semblé beaucoup trop arrogant ? Peut-être…

Et, ce qui m’a le plus déplu, c’est sans doute le sort réservé à Pénélope dans cette histoire ! La jeune femme qu’on a un peu trop tendance à nous présenter comme une matrone alors qu’elle n’avait même pas 40 ans au retour d’Ulysse, ne cesse de se faire rabrouer par toutes les personnes qui squattent sa maison ! Son fils, qui se prend pour un homme, ne cesse de lui enjoindre de s’enfermer dans sa chambre, ses “prétendants” n’ont aucun respect pour elle, … Clairement, en lisant ce “mythe fondateur”, on comprend pourquoi l’image des femmes a été si mauvaise au cours des 2500 dernières années (à la grosse louche). Entre la mère éplorée condamnée à la couture en attendant de se faire ravir par le moins pire des rustres qui pillent sa maison, les déesses lascives qui tuent les honnêtes hommes et les servantes qu’on culbute entre deux barbecues, on est servies !

Bref, ce voyage homérique ne fut pas le plus beau voyage de ma vie littéraire et pour contrebalancer cette misogynie débordante, je me suis dit que j’allais enchainer avec The Penelopiad de Margaret Atwood, qui nous donne sa propre version de l’Odyssée…

Infos pratiques : Odyssée, Homère, Folio classique, 2005, 507 pages

The Penelopiad de Margaret Atwood

Dans ce court roman, on alterne entre une narration à la 1ère personne d’une Pénélope qui nous parle depuis le royaume des morts et des extraits chantés par le chœur des douze servantes qui ont été assassinées par Ulysse et Télémaque, au retour du “héro”.

J’ai aimé retrouver la plume incisive de Margaret Atwood. Dans cette version, Pénélope nous raconte comment elle a vécu son mariage avec Ulysse (à 15 ans !), son arrivée à Ithaque, les deux années de bonheur relatif en famille avant le départ de son mari. Puis, la manière dont elle a maintenu et fait fleurir seule le domaine pendant les 10 – 15 premières années de son absence. Car tant que chacun avait des nouvelles d’Ulysse, elle n’était pas considérée comme une faible proie qu’un nouveau prétendant devait ravir. Cela n’est arrivé qu’après la perte de l’espoir, quand la plupart des gens ne croyaient plus au retour du héro.

La volonté d’Atwood était aussi de mettre à l’honneur les douze servantes assassinées dont le seul crime avait été d’être devenues les objets sexuels des prétendants sans l’autorisation du “maître” des lieux.

On découvre une Pénélope acerbe, qui déteste profondément Hélène et n’est pas dupe des histoires racontées par Ulysse ! Mais n’allez pas croire qu’elle est toute rose non plus…

Bref, ce n’était sans doute pas le meilleur roman de l’autrice mais cela m’a fait du bien de lire cette version plus féministe de l’Odyssée, après avoir tant pesté contre “ce petit con de Télémaque” et levé les yeux devant l’arrogance de cet Ulysse au milles tours qui n’était sans doute rien d’autre qu’un gros mytho ! 😉

Infos pratiques : The Penelopiad, Margaret Atwood, Ebook 2006, 121 pages

 

Et voilà pour ce premier voyage parmi les fantastiques classiques !

 

 

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