Chez soi. Une odyssée de l'espace domestique de Mona Chollet
Lecture,  Société

Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique de Mona Chollet

Lors du premier confinement, Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique de Mona Chollet a connu un regain d’intérêt auprès du grand public. De mon côté, cela faisait un moment que je l’avais ajouté à ma wish-list (peu de temps après la lecture de Beauté fatale) mais je ne l’avais pas encore acheté. Ce fut chose faite à la rentrée, lors de notre petite sortie “expo féministe-librairie” avec Fanny. Et vu comment les choses tournaient en Belgique, début octobre, il m’a semblé judicieux de le commencer, juste au cas où…

Résumé

Dans cet ouvrage, parfois dense, Mona Chollet se penche sur ce que l’ont appelle “le foyer” et nous montre comment ce qu’il se passe dans celui-ci est fortement lié à la manière dont la société est organisée. Le “privé est politique“, elle n’est pas la première à le dire.

Pour vous donner une idée de ce dont cet ouvrage va parler, je vous en liste les grands chapitres, ce sera encore le plus éclairant :

  • La Mauvaise réputation : “Sors donc un peu de cette chambre !” : c’est sans doute le titre le moins explicite, donc je développe un peu… Ici, l’autrice aborde le caractère de ceux qu’on appelle les casaniers ou les introvertis et analyse l’image que la société a de ces personnes, notamment.
  • La foule dans mon salon. De l’inanité des portes à l’ère d’internet.
  • La grande expulsion. Pour habiter, il faut… de l’espace.
  • A la recherche des heures célestes. Pour habiter, il faut… du temps.
  • Métamorphose de la bonniche. La patate chaude du ménage.
  • L’hypnose du bonheur familial. Habiter, mais avec qui ?
  • Des palais plein la tête. Imaginer la maison idéale.

Ce que j’en ai pensé ?!

Rien que ces titres vous donnent déjà une idée du ton de cet ouvrage, que les lecteur·ices de l’autrice auront immédiatement reconnu.

Même si le chapitre sur les casaniers est sans doute celui qui m’appelait le plus quand je me suis intéressée à ce livre [enfin, un livre qui réhabilite les ermites dans mon genre ! ;)], ce n’est finalement pas celui qui m’a le plus interpellée. En effet, au final, il touche surtout à l’image que l’on a de soi-même et la manière dont chacun le reçoit est assez personnelle.

Par contre, tout l’intérêt de cet essai, et ce d’autant plus à l’heure actuelle, vient des chapitres qui parlent de l’espace disponible [tant physique que mental] pour “habiter” et de la salubrité de nos logements. Elle aborde longuement la question du travail et de ce qu’il implique dans la manière dont nous allons pouvoir profiter de notre chez nous. Cet ouvrage met aussi en avant les inégalités dans la société qui font que, pour certaines personnes, leur logement est loin d’être l’espace de repli, le cocon confortable où recharger leurs batteries. Et quand bien même le serait-il, encore faut-il bénéficier du temps nécessaire pour s’y poser et faire autre chose que s’y écrouler à l’heure du coucher, avant de repartir pour une nouvelle journée éreintante.

L’autrice, avec le prisme féministe qu’on lui connait, met en avant les évolutions de la société qui font qu’aujourd’hui, une grande partie de la charge liée à l’entretien du foyer revienne encore quasi exclusivement aux femmes [oui, on sait… quelques mecs “donnent un coup de main”, mais c’est pas la question, on ne va pas en discuter ici]. J’ai trouvé que c’était assez édifiant de voir comment on en était arrivé là. Je me suis d’ailleurs empressée de surligner les nombreuses ressources utilisées par l’autrice pour aller creuser le sujet.

Et alors, LE chapitre qui m’a fait un bien fou mais qui aurait été encore plus bénéfique si je l’avais lu il y a quelques années, c’est celui qui se questionne sur les personnes avec qui l’ont vit et comment peut [ou non] s’organiser cette cohabitation. Là encore, on découvre que les schémas qu’on nous vend comme “normaux” sont relativement neufs et ne sont pas adaptés à l’ensemble des personnes, que du contraire. Et surtout, on comprend que ce n’est pas grave car il existe tout un tas d’autres schémas tout aussi valables et qui pourraient nous rendre plus heureux·ses.

Comme souvent, l’autrice termine son essai avec des perspectives de changement, des pistes de réflexion qui peuvent nous amener à repenser la manière dont nous souhaiterions habiter le monde et notre foyer. C’est positif et inspirant.

Bref, comme chaque fois qu’un livre me plait vraiment beaucoup, je me retrouve un peu à court de mots pour argumenter mon point de vue et vous partager mon enthousiasme. Mais je pense que vous avez compris l’essentiel : cet ouvrage dépasse largement le domestique pour s’attarder sur l’organisation de notre société [occidentale, on est bien d’accord] dans son ensemble, en partant d’un fil conducteur, celui du foyer.

Je vous conseille vivement Chez soi ! J’espère que, comme ce fut le cas pour moi, il vous amènera à vous interroger sur la manière dont vous appréhendez votre espace domestique et vous donnera les pistes pour mieux habiter ce monde.

Infos pratiques

  • Titre : Chez soi. Une odyssée de l’espace domestique.
  • Autrice : Mona Chollet
  • Édition : La Découverte poche, 2016
  • Nombre de pages : 356 pages
  • Challenge : il me permet de valider la catégorie “Siroter un chocolat chaud sous les saules” du Pumkin Autumn Challenge

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