Lecture

Silo d’Hugh Howey

On se retrouve aujourd’hui pour parler d’un roman de science-fiction qui trainait dans ma PAL depuis de nombreux mois [on peut même compter en années] et dont je ne savais finalement pas grand chose. Quand j’ai découvert, par hasard, qu’il narrait l’histoire d’une héroïne, je me suis dit qu’il collait parfaitement à la catégorie du mois de mai du Féminibooks Challenge et que son temps était venu !

Résumé

Dans un futur apocalyptique indéterminé, les hommes ont rendu la Terre irrespirable et vivent désormais cloitrés dans un silo de 144 étages, sous terre. Dans cette société très organisée et policée existent beaucoup de tabous dont celui de “parler de l’extérieur”. Alors, quand le shérif, lui-même, demande à sortir et se condamne de facto à la mort, les engrenages de la machine commencent à s’enrayer. Et si c’était comme cela que commençait une insurrection ?! Et si le monde était plus vaste que ce que le pouvoir veut bien faire croire à la population ?

Ce que j’en ai pensé ?!

Dès les premières pages, j’ai été happée par ce roman, avec la volonté de comprendre quelle est cette découverte qui pousse certains personnages vers une mort assurée.

Les enfants jouaient pendant qu’Holston montait vers sa mort; il les entendait crier comme seuls crient les enfants heureux. Alors que leurs courses folles tonnaient au-dessus de lui, Holston prenait sont temps, et chacun de ses pas se faisait pesant, méthodique, tandis qu’il tournait et tournait dans le colimaçon, ses vieilles bottes sonnant contre les marches.

Bien que Silo commence du point de vue du shérif Holston, le roman ne tombe pas dans l’écueil classique du flic sombre et torturé. Rapidement, nous suivons un autre personnage, Juliette, une héroïne qui se trouve malgré elle embarquée dans un combat qui la dépasse. C’est un personnage assez original : mécanicienne à l’étage des Machines [soit tout en bas de l’échelle sociale], elle a de grandes connaissances techniques et mathématiques, ce qui peut parfois étonner ses interlocuteur⋅ices des étages supérieurs.

Dans le silo, la logique de classe de la société suit ce que nous connaissons déjà aujourd’hui :

  • au-dessus, bénéficiant d’une vue sur l’extérieur, se trouvent les classes “nobles” [maire, shérif, avocat⋅es, juges, etc.],
  • dans les étages du milieu, ceux qu’on pourrait qualifier de classe moyenne [informaticien⋅nes, infirmier⋅es]
  • et enfin, dans les bas-fonds, on retrouve l’étage des Machines, ces graisseux⋅ses qui ne montent jamais dans les étages supérieurs.

Pourtant, on comprend rapidement que ce sont ces hommes et ces femmes qui permettent au silo de vivre de manière confortable et qu’iels ont nettement plus de ressources et de débrouillardise que toutes les personnes des étages supérieurs réunies. D’ailleurs, l’auteur casse de temps en temps les codes, notamment en proposant des personnages féminins dans des métiers habituellement occupés par des hommes [une maire, une informaticienne, des responsables d’équipes de mécanicien⋅nes, etc.]. C’est intéressant car le roman a été publié il y a déjà 7 ans donc je ne suis pas sûre que le sujet de la représentativité était aussi mis en avant.

L’escalier qui mène aux différents étages pourrait être un personnage à lui seul. C’est la colonne vertébrale du silo, l’endroit où tout se passe.

Au second et dernier jour de leur descente vers le fond, l’inédit devint peu à peu l’accoutumée. La rumeur et les tintements du grand escalier en colimaçon trouvèrent un rythme.

Le silo est une société très stricte dont la connaissance de l’Histoire est détenue par le DIT, le service de sécurité informatique qui surveille les moindres faits et gestes des habitant⋅es. Par ce roman, on découvre certaines dérives sécuritaires dans lesquelles une société peut tomber, sous couvert de “protéger la population”. Les livres sont proscrits, si ce n’est les livres pour enfants et le Pacte, sorte de Bible du silo…

Dans cet espace restreint, les naissances sont bien entendu limitées et les couples ne peuvent espérer procréer que s’ils ont gagné à la loterie. Et, puisqu’ils ne faudrait pas que les personnes s’accouplent n’importe comment, les relations amoureuses doivent évidemment être approuvées et contrôlées par le DIT.

Mais, on s’en doute, dans une telle société, la tension a tendance à augmenter de manière régulière, poussant les habitant⋅es à enfreindre [consciemment ou non] les tabous. Et s’iels ne le font pas, on les poussent à le faire. Dans ce cas, on procède alors au “nettoyage”, c’est-à-dire à l’exécution des coupables. Leur peine est d’aller nettoyer les caméras du Silo qui permettent aux nanti⋅es de voir ce qu’il se passe à l’extérieur. Mais que révèlent vraiment ces caméras et pourquoi les condamné⋅es s’acquittent-iels toujours de leur tâche, même lorsqu’iels criaient haut et fort qu’iels ne les nettoieraient pas ?! C’est ce secret bien gardé par le DIT que certain⋅es s’apprêtent à révéler. La vérité amènera-t-elle l’apaisement ou le chaos ? Ce n’est pas encore à la fin de ce premier tome que nous pourrons le dire.

Cette lecture m’a passionnée ! J’ai hâte de me procurer les deux autres volets pour comprendre comment la Terre est arrivée à cet état et si Juliette va parvenir à ses fins.

Infos pratiques

  • Titre : Silo
  • Auteur : Hugh Howey
  • Traducteur et traductrice : Yoann Gentric et Laure Manceau
  • Édition : Le Livre de Poche, 2016
  • Nombre de pages : 740 pages
  • Genre : science-fiction
  • Challenge : un pavé par mois de Bianca

 

 

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