Culture,  Lecture

L’Hiver du monde de Ken Follett [Le Siècle #2]

En ce mois de février 2018, j’ai retrouvé avec plaisir cette magnifique saga familiale de Ken Follett qui m’avait tant plu durant mes vacances d’été 2016 [il était temps d’y replonger !]. Vu son titre [L’Hiver du monde], je m’étais promis de le lire pendant la saison froide, même si finalement, il peut se lire n’importe quand. Enfin, il vaut mieux prévoir d’avoir la possibilité de vous y plonger pendant plusieurs heures car il est souvent frustrant de devoir s’en extraire…

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Résumé

Début des années 30, l’Europe et les USA ne parviennent pas à se remettre de la crise économique de 29 : le chômage monte en flèche et les politiques cherchent les coupables à pointer du doigt. Peu à peu, une vague noire envahit l’Europe : celle du fascisme. Que ce soit en Allemagne, en Espagne ou en Italie, cette nouvelle engeance politique semble plaire à une part de plus en plus importante de la population malgré les avertissements des démocrates qui voient arriver le danger. 

Dans ce roman, nous suivons les familles que nous avions déjà rencontrées dans le premier tome et découvrons comment elles font face à ce nouveau danger : ce sont maintenant les enfants des protagonistes principaux qui sont en âge de faire changer la société mais quels seront leurs choix ? Suivront-ils la même ligne que leurs parents ou auront-ils des idées diamétralement opposées ?! Comment vont-ils essayer d’échapper aux dangers de cette époque et, surtout, vont-ils y parvenir ? 

Ce que j’en ai pensé ?

J’ai beaucoup aimé retrouver les personnages qui m’avaient tant plu dans le roman précédent : Maud et Ethel, notamment, de voir comment elles avaient évolué et surtout, comment elles avaient transmis [ou non] leurs valeurs à leurs enfants. Il y a une vraie continuité dans l’histoire du roman, ce qui fait que, même de loin, on continue l’intrigue qui nous avait occupés dans le premier tome. En plus, l’auteur met largement en avant des personnages féminins forts, qui ont un rôle important à jouer et ce, à tous les niveaux de l’histoire. L’air de rien, il est assez féministe ce Ken Follett. 😉

Cependant, j’ai trouvé qu’il y avait un certain manichéisme entre les personnages et que, curieusement, les gentils avaient des côtés parfois un peu sombres mais que l’inverse n’était pas montré. Dans ce tome, peut-être davantage que dans le précédent, j’ai l’impression que l’auteur montre clairement ses opinions politiques : le narrateur est terriblement acerbe lorsqu’il parle des régimes fascistes et communistes. Les nazis semblent toujours dépourvus de sens critique [prenons le personnage d’Erik] et de capacités d’empathie. Ou, quand ils en font preuve, c’est que ce sont des espions : cela m’a quelque peu dérangée car j’ai peine à croire que tous les Allemands n’aient appartenu qu’à ces deux catégories de personnes. Je pense qu’il y avait également une grande majorité de personnes qui avaient simplement peur du régime et qui se sont contentées de suivre le mouvement, sans pour autant y adhérer. Cela ressortait moins dans le roman, ce que j’ai trouvé dommage.

De même, le point de vue américain est fortement mis en avant, même si certains personnages tentent de faire valoir la légitimité des actions du gouvernement japonais.

Mais cette multitude de points de vue, c’est réellement ce qui fait la force de ce roman : nous découvrons l’Histoire et ses coulisses par le biais d’actions, de négociations de personnages appartenant à chacun des camps et qui participent de près ou de loin au conflit et à sa résolution. C’est réellement enrichissant car on apprend beaucoup en lisant ce roman : par exemple, j’ai découvert qu’il y avait eu un parti fasciste particulièrement virulent dans les années 30, en Angleterre. Je me suis également rendu compte que la guerre du Pacifique ne se limitait pas à l’épisode de Pearl Harbor et aux lâchers de bombes nucléaires sur le Japon.

Par contre, ce que je reprocherais à ce roman et qui m’a exaspérée à plusieurs reprises, ce sont les répétitions concernant les pensées de certains personnages qui nous font deviner la manière dont l’histoire risque de tourner pour eux. Le cas le plus flagrant [attention, là je spoile un peu…] est celui de la relation entre Carla et Werner où un événement les sépare et l’auteur ne cesse de faire penser Clara que “c’est vraiment dommage que Werner se soit conduit comme un couillon car elle l’aimait vraiment beaucoup”. Or, le lecteur sait pourquoi Werner a agi comme il a agi et donc se doute que dès que Clara l’apprendra, ils se remettront ensemble. Mais cela revient à intervalle régulier dans le roman, quasiment chaque fois que les deux personnages sont amenés à se croiser. C’est lassant… On a juste envie de dire “c’est bon, j’ai compris, quand est-ce que tu les remets ensemble qu’on soit un peu tranquilles ?!”. Je dois dire que ce genre de procédé intervient souvent quand il est question des relations interpersonnelles entre les personnages : c’est peut-être une chose avec laquelle l’auteur est moins à l’aise, ce qui le pousse à travailler de cette manière. Je vous rassure, ça ne gâche pas le plaisir que l’on a à lire cette petite briquette mais c’est un point qui m’a gênée dans ma lecture.

Encore une fois, je vous conseille la lecture de cette fresque si vous êtes friand.e de grandes sagas familiales et si vous aimez les romans historiques. J’ai reçu le troisième tome à Noël, cette fois j’essayerais de ne pas attendre un an et demi avant de m’y remettre car il y a tellement de personnages qu’au début, c’est un peu difficile de tous les replacer… surtout quand 20 ans ont passé depuis leurs dernières aventures.

Infos pratiques

  • Titre : L’hiver du monde [Le Siècle #2]
  • Auteur : Ken Follett
  • Edition : Le Livre de poche, 2013
  • Nombre de pages : 1027 pages
  • Genre : contemporain, saga familiale, historique
  • Ma note : 18/20
  • Challenge : un pavé par mois de Bianca

 

 

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