Culture,  Lecture

Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer

Je reviens cette semaine pour vous présenter cette petite merveille reçue grâce à l’opération des Matchs de la rentrée littéraire organisée par Price Minister et Chapitre : Ces rêves qu’on piétine de Sébastien Spitzer. Ce livre, j’en avais tout d’abord entendu parler par Margaud Liseuse, cet été, et j’avais été attirée par le résumé car il avait un point commun avec une des lectures que je venais tout juste de terminer. Si vous me suivez depuis un moment, vous n’avez pas manqué de remarquer que j’aime beaucoup les romans qui se déroulent lors de la Seconde Guerre mondiale : ce livre ne pouvait donc que me faire envie.

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Résumé

Dans ce roman, nous suivons les derniers moments de la Seconde Guerre mondiale selon deux points de vue radicalement différents : celui des prisonniers contraints de quitter les camps pour un dernier voyage tout aussi terrible que les précédents et celui des pontes du régime réunis dans le fameux bunker d’Hitler. Et parmi ces deux catégories de personnages, nous suivons tout particulièrement deux figures féminines : celle d’Ava, petite fille née à Auschwitz et celle de Magda Goebbels, l’icône de la propagande nazie. Nous découvrons de quelle manière elles ont vécu les années de guerre, ainsi que la manière dont cette dernière va se terminer pour chacune d’elles. 

Ce que j’en ai pensé ?!

Tout d’abord, j’ai peiné à entrer dans le récit. L’écriture de Sébastien Spitzer est assez dense, parfois poétique, chargée de longues phrases parfois un peu hermétiques. Puis, peu à peu, je me suis habituée à ce style et je me suis entièrement laissée happer par cette histoire. 

La structure du récit lui imprime un rythme particulier car elle alterne les points de vue des différents personnages : nous avons chaque fois un chapitre centré sur Magda Goebbels, suivi d’un chapitre centré sur le groupe de rescapés des camps pendant leur marche forcée. Puis, entre ces passages écrits à la 3e personne du singulier, nous découvrons des lettres d’un père qui s’adresse directement à sa fille et qui semblent avoir été écrites plus tôt dans l’histoire, quand les prisonniers étaient encore dans les camps de concentration. Cette alternance permet au lecteur de bénéficier de “bouffée d’air” lui permettant de changer de perspective. Aucune n’est particulièrement réjouissante mais, les passages dans le bunker notamment, sont assez oppressants et cela fait du bien de ne pas y rester enfermé trop longtemps.

L’un des points forts de ce roman est assurément le développement qu’il est fait des personnages. Celui de Magda est particulièrement réussi : on aurait presque envie de s’attacher à cette femme dont on comprend que l’enfance est loin d’avoir été idyllique. On comprend cette soif de reconnaissance qui semblait la dévorer au point d’embrasser la cause nazie dans le seul but de devenir quelqu’un d’important. Cela va la pousser à se détourner de son passé et d’une grande partie des personnes qui l’ont aimée : c’est une femme seule, malgré sa position et l’auteur a réussi à faire en sorte qu’on puisse s’y attacher. Puis, par moments, il nous la montre sous son jour le plus exécrable et tout ce qu’elle parvient à nous inspirer, c’est de l’horreur… C’est vraiment très réussi ! Les prisonniers, quant à eux, sont tous des personnages qui inspirent le respect : ils sont encore chargés de l’espoir de sortir de cet enfer et de pouvoir retrouver leurs proches. Ils témoignent des atrocités qu’ils ont vécues de manière froide, quasi détachés d’eux-mêmes mais leurs témoignages sont empreints d’une grande force et d’une volonté que leur histoire ne soit pas oubliée.

Ce roman décrit également la lenteur de la libération pour les prisonniers des camps : les rumeurs de l’arrivée des Américains et des Russes leur sont parvenues bien avant qu’ils ne puissent réellement sortir. Et durant ces semaines, la cruauté de leurs bourreaux n’a cessé d’augmenter… C’est une réalité qui ne m’était pas apparue aussi clairement dans d’autres romans ou films que j’ai pu “consommer” à ce propos.

Enfin, ce roman, c’est celui d’un déclin vécu de l’intérieur : avec Magda, nous sommes dans le bunker, aux côtés d’Hitler lorsqu’il s’aperçoit que tout est fini. On s’immisce dans leurs derniers moments de vie, lorsqu’ils comprennent qu’ils ont vécu l’apogée de leur rêve et que désormais, il ne leur reste plus que la mort pour échapper à la honte de leur échec et “finir leur oeuvre en beauté”.

Ce premier roman de Sébastien Spitzer m’a vraiment bouleversée à plusieurs reprises : je l’ai trouvé original dans son traitement de la Seconde Guerre mondiale, de par les personnages qu’il nous permet d’approcher et les moments qu’il choisit d’illustrer. C’est un récit sombre où la perte est omniprésente mais qui nous offre également de l’espoir, notamment, à travers le personnage d’Ava.  Je n’ai qu’un conseil à vous donner : foncez !

Infos pratiques

  • Titre : Ces rêves qu’on piétine
  • Auteur : Sébastien Spitzer
  • Edition : Les éditions de l’Observatoire, 2017
  • Nombre de pages : 305 pages
  • Thème : Seconde Guerre mondiale
  • Challenge : ce livre est lu dans le cadre de mon Challenge de la Rentrée littéraire du net 2017 #RLN2017.

Ce livre m’a permis de découvrir les éditions de l’Observatoire que je ne connaissais absolument pas et dont je trouve les ouvrages vraiment très beaux. Vous connaissiez ?!

 

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