Lecture

BAAD de Cédric Bannel

Aujourd’hui, je vous présente un roman dont je ne connaissais absolument pas l’existence avant que Babelio ne me le propose en Masse Critique spécial : il s’agit de BAAD de Cédric Bannel. Une lecture qui m’a souvent glacé le sang mais que je ne regrette pas d’avoir faite !

BAAD

Résumé

Le qomaandaan Oussama Kandar est le chef de la police criminelle de Kaboul. Homme honnête et droit, il a servi Massoud lors de sa lutte contre les Talibans. Au fil des années, Oussama s’est fait de nombreux ennemis au sein du régime car il se montre totalement incorruptible. Cependant, sa capacité à se sortir vivant des situations les plus dangereuses a fait de lui une véritable figure de héros. 

Oussama se trouve face à l’une des pires enquêtes de son existence : il vient de découvrir la troisième petite fille victime d’un tueur en série. Et tout porte à croire que celui-ci va bientôt frapper à nouveau : le temps d’Oussama est donc compté. Vient s’ajouter à cela le fait que ce mystérieux tueur semble avoir de nombreux liens avec le pouvoir : Oussama risque donc de mettre les pieds là où il ne le devrait vraiment pas…

Dans le même temps, Nicole Laguna, une ancienne flic française spécialisée dans la recherche de fugitifs est chargée par la mafia de retrouver un chimiste actif dans un réseau russe de distribution de drogue qui joue sur ses plates-bandes. Si Nicole échoue, sa famille mourra.

Ce que j’en ai pensé ?!

J‘ai été assez rapidement happée par cette histoire, ce qui m’a énormément surprise ! Je me suis très vite attachée à Oussama mais aussi à Nahid, la mère de la prochaine victime du tueur. Je ne voulais donc qu’une chose : qu’ils parviennent à empêcher le meurtre de Badria.

La force de ce roman, c’est la manière dont l’auteur parvient à nous immerger au cœur de la société afghane. Celle-ci est extrêmement complexe : elle se compose de nombreuses branches religieuses, plus ou moins modérées, qui ont chacune leurs propres codes de conduites. Elle est également gangrenée par la corruption, qui touche absolument toute les couches de la population : il devient alors très difficile de savoir à qui on peut se fier.

Je ne sais pas à quel point l’auteur connaît la réalité du terrain mais il donne à son oeuvre une grande impression de réalisme. Je me suis surprise plusieurs fois à me dire “non mais c’est pas possible, ils ne peuvent pas être aussi fêlés” avant de me rappeler que je n’avais pas affaire à un témoignage mais à un roman… Le fait que tout cela soit ancré dans un contexte qui fait régulièrement l’actualité ne fait qu’accentuer cette impression. Comme je le disais, la société qui est dépeinte est totalement corrompue : police, mollahs, ministres, simples employés, … tous ne répondent plus qu’à l’appât du gain, au delà de leurs éventuelles missions d’aide à la population.

Le personnage d’Oussama, ainsi que ses proches, sont là pour nous redonner quelque peu espoir quant à la survie possible de la population afghane : ils restent humains et refusent la corruption. Par contre, ce que j’ai trouvé dommage, c’est ce besoin qu’à eu l’auteur de les occidentaliser à ce point : comme si la sauvegarde de ce pays ne pouvait passer que par une occidentalisation de sa société… C’est un cliché que j’aurais souhaité que l’auteur évite : Oussama n’était pas obligé d’avoir envoyé ses enfants en Occident, d’avoir une seule femme dont il est fou amoureux et à qui il accorde énormément de liberté. Il aurait été peut-être plus crédible en étant plus proche de ses voisins [en ce qui concerne ses mœurs]. Néanmoins, Cédric Bannel a su créer des personnages profonds qui ne sont ni blancs, ni noirs et qui doivent sans cesse remettre leurs convictions en question pour pouvoir avancer.

La partie française m’a moins intéressée : on comprend assez vite le lien entre les deux enquêtes et, de ce fait, l’identité du meurtrier.  Malgré cela, l’intrigue nous tient en haleine jusqu’au bout : vont-ils ou non parvenir à sauver Badria ?!

Enfin, je dois vous avouer que mon côté féministe a de nombreuses fois été heurté par le comportement des hommes dans ce roman. Pour la plupart, la femme n’est qu’un objet de plaisir que l’on jette dès qu’on la considère comme usagée… de quoi me faire sortir de mes gonds plus d’une fois, mais aussi, de me rappeler la chance que j’ai de vivre en Belgique, à notre époque !

Je vous recommande donc cette lecture ultra noire si vous souhaitez découvrir à quoi ressemble le quotidien en Afghanistan, aujourd’hui. L’écriture est fluide, l’intrigue haletante et on peut difficilement lâcher le roman avant de l’avoir terminé !

PS : par contre, Monsieur Bannel, si un jour vous passez par ici… Le cliché réducteur et bien démago-français sur Molenbeek [“la Mecque des djihadistes européens”], à la page 220, on aurait volontiers pu s’en passer ! Vous savez ce qu’on dit : la paille dans l’œil du voisin… etc.

Infos pratiques

  • Auteur : Cédric Bannel
  • Titre : BAAD
  • Edition : Robert Laffont, collection La Bête Noire, 2016
  • Nombre de pages : 480 pages
  • Catégorie : thriller
  • Ma note : 16/20

Ce roman entre dans le cadre du challenge “Un pavé par mois” de Bianca.

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