Lecture

De la part de la princesse morte de Kénizé Mourad

Parlons aujourd’hui d’un roman qui, bien qu’il m’ait parfois profondément ennuyée, m’a appris énormément sur des cultures qui m’étaient jusqu’alors méconnues et qui m’a plus d’une fois bouleversée. De la part de la princesse morte est la biographie romancée d’une sultane turque qui a réellement existé.

Kénizé Mourad De la part de la princesse morte

Selma, jeune sultane ottomane, a 7 ans lorsque la Turquie connait les premiers problèmes liés à son alliance avec l’Allemagne, au cours de la Première Guerre mondiale. Adolescente, Selma connaît l’exil et l’apprentissage de la pauvreté, elle qui a toujours vécu dans le luxe le plus extrême. Quel avenir peut-elle encore rêver ? Va-t-elle retrouver sa condition ? Un retour au pays serait-il un jour possible ? Pourrait-elle travailler ou cela ruinerait-il totalement ses chances d’être à nouveau reconnue pour ce qu’elle est ? Et si la solution venait plutôt d’un mariage avec un riche souverain vivant à l’autre bout du monde ? La vie de princesse déchue n’est finalement pas aussi idéale que dans les contes de fées de son enfance…

Ce roman nous fait suivre une jeune femme orgueilleuse à qui on a toujours appris à vivre en princesse, quelles que soient les difficultés qui la frappent. Cette vie contraignante étouffe Selma : la bienséance, les règles de la cour, l’obligation de vivre cachée ou, du moins, à l’écart des hommes, le port du voile… Ce n’est pas comme cela qu’elle souhaite vivre ! Elle rêve de liberté et d’émancipation. D’autant plus qu’à l’adolescence, elle intègre une société beaucoup plus ouverte que la société qu’elle a connue jusque là, une société qui n’a cure de sa condition de princesse musulmane. Malheureusement, cette période de relative liberté n’est que de courte durée.

Nous suivons cette jeune fille dans une Turquie en plein déclin, un Liban libertaire, une Inde déchirée par les guerres de religion et enfin, une France envahie par l’armée nazie. Par sa position, Selma approche de près les responsables politiques qui doivent gérer ces différentes sociétés en mutation. Cela donne au roman un caractère historique absolument passionnant ! Notamment, dans la partie qui décrit l’Inde de Gandhi, en proie aux guerres civiles entre populations hindoue et musulmane. De quoi en apprendre énormément sur l’histoire de ce pays, qu’on aborde très peu lors de notre scolarité.

A travers l’histoire de Selma, on découvre également l’image et la condition de la femme, à travers le monde, au début du siècle dernier. Notamment, au sein des sociétés musulmanes et hindoues qu’elle est amenée à fréquenter. Certaines traditions séculaires font d’ailleurs froid dans le dos ! Plusieurs fois, au cours de ma lecture, j’ai remercié le ciel de m’avoir permis de voir le jour en Belgique, à l’époque actuelle. C’est une bonne piqûre de rappel pour nous toutes qui prenons parfois ces droits pour acquis sans réfléchir aux révolutions qui ont mené à notre merveilleuse liberté.

L’évolution du personnage de Selma, tout au long du roman, est intéressante : de petite pimbêche orgueilleuse, elle passe par différents stades qui la rendent plus attachante et humaine. Elle reste néanmoins terriblement fière, et dans un sens, assez égocentrique.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman si vous souhaitez en connaître davantage sur l’histoire du monde oriental, entre les deux guerres mondiales. Je l’ai trouvé parfois un peu lent, le style est assez lourd mais c’est une véritable mine d’informations. Passé le premier tiers du roman qui, pour moi, est moins passionnant, il devient difficile d’en décrocher. Par contre, après sa lecture, vous risquez de ne plus voir le monde de la même manière…

Connaissiez-vous ce roman ? 

Je peux ici parler d’un beau pavé car le roman de Kénizé Mourad, dans l’édition que j’ai lue, compte 605 pages écrites dans une typographie assez petite et condensée. Un livre de plus à ajouter au challenge de Bianca !

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