Lecture

De regrettables incidents d’Armel Job

Et si je vous faisais découvrir un auteur belge pour une fois ?! D’autant plus qu’avec De Regrettables incidents, Armel Job m’a tenue en haleine durant tout un week-end !

Couverture : Armel Job, De regrettables incidents

Jalbour, petite ville des Ardennes belges, à l’automne 1999. Werner joue dans la troupe du Royal Sillon depuis une vingtaine d’années. Durant toute cette période, c’était Arsène Chokier, professeur de philosophie faisant office de notable de la région, qui s’en était autoproclamé directeur. Mais cette année, Werner a décidé de se présenter à la tête de la troupe et parvient à détrôner Arsène. Werner souhaite faire changer les choses : il faut que le niveau du spectacle augmente. Il recrute alors Olga, une jeune émigrée kazakhe de 16 ans qui vit dans la région depuis peu. Il espère ainsi créer la surprise auprès du public et attirer les curieux. Alors qu’il poursuit son recrutement, il découvre les lourds secrets qui pèsent sur la troupe depuis des années. Et si l’innocence et la beauté d’Olga provoquaient la mise en lumière de ces “regrettables incidents” qui ont visiblement bouleversé de nombreuses jeunes premières au fil des ans ?

Ce roman d’Armel Job est à la fois une fresque sociale et un polar grisant. Par l’intermédiaire des comédiens amateurs et de leurs proches, il raconte la vie de cette société rurale, à l’aube du XXIe siècle : l’importance du qu’en-dira-t-on, l’intégration de la seule famille étrangère de la région, le rôle de moteur culturel du théâtre amateur ou encore l’antique hiérarchisation des relations sociales.

Armel Job sait également jouer avec les rebondissements et maintenir l’attention de son lecteur ! J’ai d’ailleurs été assez surprise par le dénouement, ce qui est, finalement, assez rare dans mes lectures “noires”.

De plus, l’auteur croque merveilleusement bien ses personnages, les rendant particulièrement exécrables, pour certains ; terriblement attachants et parfois même comiques malgré eux, pour d’autres. J’aime la relation développée entre Olga et sa petite sœur : cet amour teinté de jalousie et de culpabilité. Leur situation est complexe et permet de mettre en lumière les difficultés auxquelles sont confrontés les candidats réfugiés : l’absence de reconnaissance de leurs qualifications professionnelles, la barrière de la langue, la chute dans l’échelle sociale, l’isolement, … et surtout, cette épée de Damoclès qui pend constamment au-dessus de leur tête. Le cheminement de cette famille est vraiment intéressant et là encore, leur décision est étonnante mais assez grandiose.

Enfin, ce roman respire le terroir ! Que ce soit par son ambiance ou par certaines expressions des protagonistes, le lecteur issu du cru ne peut échapper au caractère ardennais de ce livre. A plusieurs reprises, certaines images m’ont rappelé, avec plaisir, de jolis moments de mon enfance. Une raison supplémentaire de vous encourager à lire ce joli roman !

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Connaissiez-vous cet auteur ? Que pensez-vous d’une littérature ancrée dans sa région ? 

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Ps : une amie professeure de français a étudié l’oeuvre d’Armel Job en classe et a créé un blog avec ses élèves à l’occasion de la venue de l’auteur dans leurs locaux. Jolie initiative que je vous invite à découvrir ici.

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