Lecture

Enfant 44 de Tom Rob Smith

La semaine dernière, j’ai lu un roman qui m’a quelque peu angoissée et ouvert les yeux sur les atrocités commises dans l’ex-URSS : Enfant 44 de Tom Rob Smith. Je l’ai lu grâce à la présentation d’une amie, dans le cadre de notre club de lecture [quelle merveilleuse idée on a eu là, n’empêche ! :p]

enfant44 tom rob smith

Dans les années 50, peu avant la mort de Staline, un jeune enfant est retrouvé mort sur les voies de chemin de fer, en plein Moscou. Ses parents, dont le père fait partie du MGB, sont persuadés qu’il s’agit d’un meurtre et non pas d’un accident comme le conclut l’enquête. Or, c’est bien connu, dans le monde merveilleux du communisme, tout le monde est heureux et les crimes n’existent pas. Dès lors, Léo, le responsable hiérarchique du papa malheureux est chargé de lui faire prendre conscience que, s’il s’entête à crier au meurtre, il sera condamné pour troubles de l’ordre public. Peu après, Leo est mis en cause dans une affaire d’espionnage politique interne. Grâce à sa position élevée au MGB, il n’est pas exécuté mais on l’exile à plusieurs centaines de km de Moscou. Il est placé comme homme à tout faire dans une milice locale. Là, il découvre d’autres enfants morts dans les mêmes circonstances que le fils de son collègue. Et si, finalement, il y avait réellement un meurtrier ? Leo va mener l’enquête mais cela risque de lui coûter la vie ainsi qu’à sa famille.

Tout d’abord, il faut savoir que l’ambiance de ce roman est extrêmement pesante. On ressent toute la tension subie par la population russe : le contrôle de ce que l’on dit ou fait à chaque moment, l’impossibilité de faire confiance à qui que ce soit car tout le monde peut dénoncer tout le monde, la promiscuité avec des étrangers dans des logements à la limite de la salubrité, etc. Très vite, le lecteur est immergé dans ce monde malsain et commence à penser comme les personnages.

Ce roman m’a ouvert les yeux sur les conditions difficiles de la population russe à l’époque stalinienne. Bien sûr, je connaissais l’existence des goulags, des éliminations massives et de la traque des intellectuels mais je n’avais pas conscience que la population vivait aussi mal.

L’enquête autour des meurtres est extrêmement bien ficelée. Le suspens dure tout au long du roman car même lorsque le lecteur a deviné qui en est l’auteur, d’autres questions restent en suspens : pourquoi ? Combien d’enfants va-t-il encore tuer ? Va-t-on pouvoir l’arrêter, etc ? La situation de Leo reste également en suspens jusqu’à la fin. Quelles vont être les conséquences de ses choix, pour lui mais également pour les autres personnes impliquées volontairement ou non ?

L’évolution psychologique des personnages est, elle-aussi, assez intéressante : le rapport de Leo face à l’Etat, passant d’une dévotion sans limites à une certaine remise en question ; sa relation avec Raïssa et sa prise de conscience du rôle de sa fonction dans ses relations avec les autres, etc. Même Vassili, l’ennemi qu’on doit détester et dont la psychologie semble déterminée d’avance évolue au cours du roman. Cela rend ce roman encore plus réaliste qu’il ne l’était déjà.

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture d’Enfant 44 ! Néanmoins, sachez que c’est un roman assez dur, avec des scènes parfois difficiles à supporter [la découverte des corps, les tortures infligées par les membres du MGB] donc âmes sensibles, réfléchissez-y à deux fois ! 😉

J’hésite à le classer en coup de cœur. Non pas pour la [bonne ou mauvaise] qualité de ce roman mais plutôt à cause du malaise ressenti durant ma lecture : comme ma chronique le laisse deviner, ce ne fut pas toujours une partie de plaisir ! Néanmoins, cela n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage. Simplement, contrairement à mes vrais coups de cœur, je doute que j’en vienne à vouloir le relire un jour. M., si tu passes par ici, merci pour la découverte !

Roman que je peux ajouter au challenge Cartable et tableau noir de George puisque Raïssa est institutrice et qu’il est plusieurs fois question de la difficulté pour elle de ne pas laisser transparaître ses idées qui pourraient être “anti-communistes” devant ses élèves.

challenge-cartable-et-tableau-noir-saison-21

Ma note :

love4

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