Lecture

Le Mâle occidental contemporain de François Bégaudeau et Clément Oubrerie

Première déception littéraire de l’année 2014 avec ce Mâle occidental contemporain ! J’aurais dû m’en douter dès le départ… le nom de François Bégaudeau me disait quelque chose sans arriver à le replacer. Puis, après lecture… l’illumination ! C’est l’auteur D’Entre les murs, roman qui m’avait beaucoup déplu par sa vulgarité et le côté blasé-méprisant du narrateur.

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Dans le Mâle occidental contemporain, Bégaudeau s’essaie au scénario de bande dessinée avec, au crayon, Clément Ourbrerie qui avait réalisé l’adaptation BD de Zazie dans le métro.

Qu’est-ce donc que ce M.O.C. ? C’est Thomas, look de trentenaire classique, vivant à Paris et cherchant désespérément à conclure avec une fille. Il vit à une époque où les femmes ont pris le pouvoir sur leur vie sentimentale et sexuelle : elles n’hésitent donc plus à prendre l’initiative quand il s’agit de draguer et, surtout, elles sont devenues très exigeantes.

S’enchaînent donc toute une série de scènes plus ou moins similaires durant lesquelles Thomas tente maladroitement de draguer et se fait remballer quasi aussi sec.

Le personnage de Thomas est horripilant au possible : il est bourré du préjugés vaguement sexistes [jugements sur le physique, les attitudes, etc.] et ne sait visiblement pas s’y prendre pour engager une conversation. Son truc avec une fille qui lit ? Sortir son exemplaire de Belle du seigneur et dire que ce roman l’a bouleversé : même pas besoin de l’entendre pour sentir que ça sonne faux ! Ou alors, il enchaîne les banalités sur Paris/le temps qu’il fait/les transports, … et ne parvient même pas à faire mine de s’intéresser aux réponses de la fille avec qui il “converse”. Une seule chose semble l’animer : son envie de “baiser” [à dire avec l’air de psychopathe de Jonathan Lambert quand il fait le type lubrique dans On n’est pas couché]. Mais, lorsqu’une fille prend les devants pour engager une relation sexuelle, il prend la fuite !

L’univers féminin représenté dans cette BD est aussi fortement stéréotypé : la plupart des femmes sont des féministes engagées à tendance légèrement castratrice. Elles semblent toutes hostiles à la gent masculine et font penser à de véritables harpies ! Difficile donc, quand on est une lectrice, de se reconnaître dans cet ouvrage !

Certains y voient une certaine critique de notre société : les relations sur internet, la consommation des relations à travers le concept des speed dating, etc. Personnellement, je n’y vois qu’une accumulation de gags qui ne sont même pas drôles autour d’un pauvre type, handicapé socialement. Ajoutons également qu’il a beau faire des réflexions machistes, il n’est pas capable de se défendre lors d’une altercation, ni de changer une roue ! Si Bégaudeau souhaitait faire une satire de la société, il aurait dû, au moins, varier les personnages masculins ! Cela aurait évité ce sentiment de répétition et lui aurait permis de nous offrir plusieurs versions des mâles occidentaux ! D’ailleurs, dans son titre, il aurait dû ajouter “célibataire”, à moins que tous les mecs casés soient en chasse perpétuelle ?! [sauf Chéri, bien entendu ! ;-)]

Heureusement, tout n’est pas négatif dans cette BD ! Oubrerie nous offre des dessins agréables à regarder, aux traits fins et aux couleurs assez douces. Cela donne un caractère féminin à l’ouvrage, collant avec cette idée que le monde dans lequel évolue Thomas appartient aux femmes.

Je pense donc que cette première lecture figurera parmi les gros flops de cette année 2014 ! Malgré tout, je remercie Babelio et Delcourt de m’avoir envoyé ce Mâle occidental contemporain. La couverture et le synopsis m’avaient attirée, raisons pour lesquelles je l’avais ajouté dans ma sélection du dernier Masse Critique spécial BD. Cela m’a permis de confirmer que François Bégaudeau et moi n’avons pas le même humour, ni la même façon de voir le monde !

Ma note : 

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