Lecture

Madame Bâ d’Erik Orsenna

Madame Bâ aura mis beaucoup de temps à sortir de ma PAL ! Certes, pas autant que la Légion d’honneur pour arriver jusqu’à Chemin des Dames mais on s’en approche ! (il faut avoir lu le livre pour se faire une idée du temps écoulé)

Madame_Ba_Orsenna

Qui donc est cette Madame Bâ qui se permet d’importuner le Président de la [grande] République française pour solliciter un droit d’entrer sur son territoire ?! C’est ce que nous apprenons tout au long de ce roman : l’histoire de Marguerite Dyumasi, épouse Bâ, ancienne collaboratrice du Haut-Délégué au co-développement franco malien, ancienne institutrice actuellement inspectrice de l’instruction publique, mère de huit enfants et veuve d’un trop beau mari peule. Egalement fille d’une traditionniste et d’un forgeron reconverti en ingénieur, elle est profondément attachée à son pays soninké mais tentera tout pour le quitter et retrouver son petit-fils, exilé en France.

La première chose qui transparaît dans ce livre, c’est la connaissance qu’Orsenna a de l’Afrique ! J’ai lu sur son site officiel qu’il y voyageait depuis quarante ans et qu’il s’était énormément documenté, notamment sur toutes les questions liées à l’émigration. Cela se sent clairement dans son roman ! Il parvient à dépeindre cette culture avec ses croyances, ses rites, ses qualités et ses défauts sans que l’on ait l’impression qu’il débite des clichés. Certaines descriptions, que ce soit de lieux ou d’événements sentent véritablement le vécu.

La forme du roman est elle aussi originale. Le lecteur suit la rédaction de la demande de visa officielle, ô combien impersonnelle (le fameux formulaire 130021) que doit remplir Marguerite. Chaque chapitre correspond à une case du formulaire, chacune bien trop petite pour comprendre la foule de réponses que suscite la question qu’elle pose.

J’ai beaucoup aimé la langue d’Orsenna, empreinte de poésie même lorsqu’il évoque des situations plutôt scabreuses. J’aime aussi l’humour qui apparaît derrière la dénonciation de certains faits inspirés de la réalité.

Par contre, il faut bien avouer que le roman connaît quelques longueurs : Marguerite fait de nombreuses digressions, certaines étant même quelque peu redondantes. L’intrigue trépigne un peu et passe régulièrement au second plan, l’accent étant mis davantage sur l’histoire du Mali et de sa population.

Néanmoins, si vous souhaitez découvrir un petit morceau de Mali aux côtés d’une grande dame pleine de sagesse, je vous invite à lire ce roman ! Il m’a officiellement réconciliée avec Orsenna, qui m’était tombé des mains, il y a plusieurs années avec Longtemps.

Edit : Erik Orsenna a publié en février 2014 une suite à ce roman, intitulée Mali ô Mali.

Ma note : 

love4

Et je peux d’ores et déjà ajouter ce roman à mon challenge Cartable et tableau noir de George puisque l’héroïne est institutrice et membre active de la lutte contre l’analphabétisme.

challenge-cartable-et-tableau-noir-saison-21

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