Lecture

De l’eau pour les éléphants de Sara Gruen

En ce dernier week-end de congés (ô combien bénéfiques), je me suis lancée dans la lecture d’un roman issu de ma liste du Baby Challenge Contemporain, De l’eau pour les éléphants de Sara Gruen. Pour mener à bien ces challenges, je me suis dit que j’allais alterner un classique/un contemporain-drame parce que je me connais, sans cela j’aurais dévoré tous les contemporains d’un coup, au détriment des autres !

Couverture De l'eau pour les éléphants

De l’eau pour les éléphants est un roman terriblement prenant. L’auteure alterne les chapitres ancrés dans le présent (le narrateur est alors âgé de 90 ou 93 ans – allez savoir !- et vit dans une maison de retraite) avec des chapitres ancrés dans les années 30, époque où notre héros sillonnait les villes et les campagnes à bord du train des Frères Benzini – Le plus beau spectacle du monde ! 

Le récit des aventures de ces hommes du cirque est vraiment très bon ! Chaque personnage apporte sa petite touche originale qui donne du corps à l’ensemble. J’ai tremblé pour Jacob : va-t-il réussir à séduire Marlène ? Finira-t-il son voyage ou sera-t-il jeté du train ? Mais aussi pour Calmel, Walter et Rosie. Je bouillonnais d’indignation devant la cruauté de cet infâme Auguste ! J’ai également été sidérée du peu de considération que ces directeurs avaient pour leur personnel : dans ce monde, un animal valait bien plus que plusieurs vies humaines ! Je me demande si l’univers que dépeint Sara Gruen était réellement aussi noir ou si c’est seulement le résultat de sa narration. Il faudra que je me renseigne sur la réalité de ces cirques itinérants !

Les chapitres narrant le présent désorienté de Jacob sont également poignants et terriblement empreints de réalisme et de cynisme. J’ai ri devant les considérations de Jacob pour son anatomie vieillissante et sa pudeur devant les infirmières :

“La toilette, c’est encore le plus gênant car je dois me mettre dans le plus simple appareil devant une aide soignante. Un homme reste toujours un homme et, bien que nonagénaire, j’ai parfois des montées de sève. C’est incontrôlable. Elles font toujours semblant de ne pas s’en apercevoir. On les a formées pour cela, j’imagine, même si c’est pire que tout, ce dédain. Cela signifie qu’elles ne voient en moi qu’un inoffensif vieux bonhomme exhibant un inoffensif vieux pénis qui a, de temps à autre, la folie des grandeurs. Evidemment, si l’une d’elles prenait cela au sérieux et passait à l’action, le choc me tuerait, sans doute.”

Mais j’étais aussi énormément touchée par ce grand-père, conscient d’arriver au fond de sa vie et de se sentir lâché par son corps et son esprit. Il lutte pourtant pour ne pas se laisser rattraper par sa décrépitude :

“Donner l’impression qu’on a toute sa tête, c’est fatiguant mais essentiel. D’ailleurs, je ne suis pas vraiment gâteux. Simplement, j’ai plus de choses en tête que la plupart des gens.”

Mais la véritable vedette, dans toute cette histoire, c’est la sublime éléphante, Rosie. Aussi têtue qu’une mule lorsqu’il s’agit de faire tourner Auguste en bourrique mais, terriblement futée quand il s’agit de tirer ses amis d’un mauvais pas ! Drôle aussi et terriblement gourmande ! Tiens, saviez-vous que les éléphants étaient de grands amateurs de whisky ?! Je l’ignorais complètement !

Vous l’avez deviné, dans ce livre, on passe facilement du rire aux larmes en quelques pages voire quelques lignes ! Autant dire que je commence bien l’année : un vrai coup de coeur !

Il a été adapté au cinéma et, d’après mes amies, ça a donné un très beau film. J’ai hâte de voir ça !

Ma note 

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