Lecture

Les Apparences de Gillian Flynn

Vous l’aurez remarqué, depuis quelques mois, je me tourne régulièrement vers des thrillers, chose que je faisais assez peu jusque là. Le dernier en date ? Les Apparences, de Gillian Flynn, thriller familial et psychologique qui a connu un très beau succès il y a 2 ou 3 ans [oui, oui, j’ai toujours une guerre de retard].

Les-Apparences_Gillian_Flynn

Nick et Amy, la trentaine bien entamée, se sont récemment installé à North Carthage dans le Missouri, ville natale de Nick suite à la perte de leurs emplois et à l’annonce du cancer de sa mère. Amy éprouve quelques difficultés à s’adapter à cette nouvelle vie et Nick se sent coupable de ne pas parvenir à satisfaire sa femme, déracinée de sa vie new-yorkaise. Les tensions s’accumulent jusqu’au jour où Amy disparaît, laissant la maison en partie saccagée. Que s’est-il passé ? Amy est-elle toujours en vie ? Au fur et à mesure que l’enquête avance, les apparences se fissurent laissant apparaître les nombreux défauts et trahisons d’un couple que tout le monde croyait idéal. Les secrets sont tellement nombreux que bientôt, tout le monde n’a plus aucun doute sur l’identité du coupable, le mari évidemment ! 

Comme beaucoup, je pense, j’ai été bluffée par ce roman ! Jusqu’au bout, on espère que la vérité va éclater, que le coupable va devoir payer. Et c’est particulièrement ce que j’ai aimé ! La tension se maintient même après que le lecteur ait découvert ce qu’il s’est réellement passé ce matin-là. Les interrogations se portent alors sur la manière dont cette culpabilité va éclater au grand jour et sur les conséquences que cela aura sur la vie des différents protagonistes.

La relation qui lie Nick et Amy est assez troublante, voire incompréhensible. A de nombreuses reprises, le lecteur se demande si les choses vont réellement pouvoir devenir encore plus malsaines. Gillian Flynn est parvenue à créer un monstre parfait que l’on plaint autant qu’on le déteste. Elle joue avec l’image que le lecteur se fait des personnages, les rendant tour à tour coupables ou victimes.

La force de ce roman tient également dans la narration à double point de vue : celui de Nick et celui d’Amy au travers, notamment d’un journal intime. D’un chapitre à l’autre, le lecteur suit le récit des événements suivant les yeux de l’un de ces deux personnages, ce qui renforce encore la complexité du jeu qui se joue entre eux. Le lecteur comprend mieux le lien qui les unit ainsi que leurs réactions à certains faits qui se produisent.

Ce roman est aussi une critique de ce qu’est devenue l’Amérique suite à la crise économique [l’explosion de la bulle Internet puis des subprimes]. On y découvre une ville de province presque fantôme qui regorge de personnes désœuvrées, obligées de se nourrir de conserves, squattant les ruines d’un ancien centre commercial longtemps florissant. Une ville où les personnes âgées sont contraintes d’aller faire des dont de plasma chaque semaine pour parvenir à manger à leur faim [parce que ça, c’est rémunérateur]. C’est également un état des lieux des médias américains, avec la perte de vitesse des magazines papier, l’apparition des chaînes d’information sur Internet et le développement d’émissions grand public de divertissement se basant sur l’actualité. Derrière ce portrait se cache, bien sûr, un brin de dépit sur la crédulité des spectateurs, prêts à détester ou aduler une image façonnée par les médias sans faire preuve du moindre esprit critique. Et évidemment, il devient facile pour celui qui a compris cela d’en jouer afin de parvenir à ses fins…

Je pense pouvoir dire que Les Apparences est l’un des meilleurs thrillers que j’ai lus jusqu’à présent [bon ok, on ne peut pas dire que j’en ai lus des centaines non plus…] car jusqu’au bout, je me suis demandée quel allait en être le dénouement. De plus, la fin n’est absolument pas celle à laquelle je m’attendais. Je dirais même qu’elle est pire que tout ce que j’avais pu imaginer.

17 commentaires

Si vous souhaitez me laisser un petit mot...